Régulièrement, ce libraire BD anonyme épingle les tics de ses clients.

Je le sens venir gros comme une baraque : il va encore me retourner toutes mes piles, passer son doigt sur chaque bord, incliner les livres pour vérifier les traces et les rayures, les entrouvrir pour vérifier qu’ils n’ont pas été lus (puis dessiner un pentacle au sol et en appeler aux dieux de la BD pour que son EO – édition originale – prenne de la valeur, si possible dans les deux ans qui viennent). Ensuite il me dira que je devrais en garder un exemplaire devant, en modèle d’exposition (que je devrai brûler par la suite, j’imagine, et ne surtout pas le remettre dans le circuit), et protéger tous les autres. Ne pas noter les prix à l’intérieur et éviter tout ce qui est autocollant.

« – Dis donc, t’es sûr que c’est une EO celle-là?

– Ben heu oui, elle sort des cartons. T’es une des rares personnes humaines à avoir mis les mains dessus, et il y a des chances pour que le tirage n’ait pas été épuisé avant sa mise en place.

– Mouais, peut-être. Tu pourras vérifier ? »

Il continue son petit tour du magasin, à la recherche d’une perle qui m’aurait échappée (on sait jamais, des fois que je ne sache ni ce que j’achète, ni ce que je vends).

« – Tiens, tu la prends pas celle là ? T’avais adoré le premier tome.

– Nan, je vais la prendre chez « BIIIIP », ils ont fait un ex-libris.

– Oui je comprends, je ne peux pas lutter contre un ex-libris.

– Au fait, tu pourras me mettre le poster de Cosey de côté ? J’ai pile la place dans ma salle.

– Ah non désolé, il est réservé. »

Bon, ça c’est faux, c’est de la mesquinerie de commerçant agacé. Je veux bien ne pas prendre mes clients pour des vaches à lait, mais le principe est valable pour les deux parties…

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Retrouvez le Libraire masqué sur son blog :

http://leslibrairessecachentpourmourir.over-blog.com/

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Merci à Gally pour cette bannière.