Les Lois du cœur
Il est des choses que l’on ne maîtrise pas dans la vie. Charles va l’apprendre à ses dépens. Homme d’affaires à l’emploi du temps surchargé, il délaisse sa famille et se tue à la tâche sans s’en rendre réellement compte. Mais à trop tirer sur la corde, son corps lui fait comprendre qu’il a dépassé la limite : il est victime d’une crise cardiaque en pleine réunion. Il doit sa survie à une greffe de cœur. Son rétablissement, long et difficile, le stoppe dans son élan professionnel. Mais ce n’est pas ça qui le dérange le plus, c’est surtout ce qu’il ressent depuis que son corps a accueilli l’organe d’un autre !
Là où de nombreuses œuvres s’attardent sur le rétablissement après ce genre d’opération, Les Lois du cœur décide de prendre un chemin de traverse, à la limite de la science, de la croyance et du ressenti personnel. Après avoir reçu le cœur d’un autre, Charles a l’impression de ne plus être le même. Ses goûts changent, il semble se souvenir de moments qu’il n’a pas vécu. Et surtout, il y a une femme qui l’obnubile, alors qu’il ne l’a jamais connue… Tout ceci serait-il lié au passé du donneur ou hallucine-t-il suite aux épreuves et au choc émotionnel qu’il vient d’endurer ?
Pour son premier scénario de bande dessinée, Julie Raptor livre une histoire belle et épineuse à la fois. Il ne faut pas s’attendre à y trouver des vérités scientifiquement prouvées, mais savoir se laisser porter par le parcours de Charles qui ne se construit pas dans la simplicité. Ses nombreux ressentis et changements vont bousculer sa vie d’avant, remettre en question tout ce qu’il sait et le pousser à réapprendre à se connaître, à vivre avec lui-même. Dans un noir et blanc relevé de lavis, le trait souple d’Audrey Lainé parvient à faire ressentir les émotions et se permet quelques touches judicieuses de couleur pour soutenir la narration.
L’objectif des deux autrices est bien de se concentrer sur les changements opérés par le héros après son opération en laissant parler ses émotions. Malgré un final expédié, tranchant avec les pages précédentes et laisse sur une conclusion qui en gênera plus d’un, le titre parvient à aborder les greffes d’une manière émouvante, tout en parlant d’éthique et de mémoire cellulaire. Reste plus qu’à voir si vous êtes prêt à mettre votre rationalité de côté pour apprécier leur proposition.
Publiez un commentaire