Ouvrir Les Mille et une vies de urgences, c’est se brancher sur 228 pages d’émotion en intraveineuse. Ce sont à peine sept petits jours que l’on passe dans les salles et les couloirs de l’hôpital, mais Baptiste Beaulieu, médecin dont le blog avait été publié en 2013 chez Fayard, aime trop les histoires pour ne pas en faire profiter pleinement son lecteur. Elles sont ici mises en scène avec sensibilité et malice par le dessinateur Dominique Mermoux (L’Appel, Un jour il viendra frapper à ta porte).

Construit de dizaines de petites anecdotes – tristes, drôles ou juste émouvantes – mises bout à bout, le récit repose sur les épaules de ce jeune interne drôle et touchant, celui qu’a été Baptiste Beaulieu quand il a ouvert son blog, qui aime les histoires, les collectionner, les partager. L’enjeu, tout au long de ces 7 jours d’une extrême densité, c’est de garder en vie cette patiente en phase terminale (la femme Oiseau-de-feu), afin qu’elle puisse revoir son fils une dernière fois, bloqué à Reykjavik par le volcan Eyjafjallajökull. C’est elle qui va servir de fil rouge et casser le côté parfois un peu “catalogue” de cette singulière collection.

De la tentative de suicide de 7h26 du jour 1 à la transplantée de 8h59 du jour 7, les patients se suivent, avec leur lot de petits et gros bobos, et les soignants ne sont pas en reste. On en croise, dans le désordre, des brillants, des odieux, des drôles, des faibles, et des dévoués, avec un point commun: ce sont des êtres humains. On s’attache à la petite équipe au fil des pages, et sa galerie de personnages, que le dessinateur a si bien soignée que chacun d’entre eux, même pour quelques cases, devient unique. Dynamique et expressif, varié dans son découpage, cet album donne très joliment vie à l’ouvrage de Baptiste Beaulieu, véritable condensé de vie humaine, tourbillon qui apporte le meilleur comme le pire de l’existence. De quoi, comme le souhaite son auteur, participer à réconcilier soignés et soignants.