Par Alexandre Kha. Tanibis, 16 €, mai 2011.

Un singe devenu homme pour mieux s’intégrer; un timide minotaure coincé dans un labyrinthe urbain; un garçon dont l’amoureuse a volé l’ombre et le reflet; un autre qui se transforme en arbre sous les yeux et la déception de sa famille; un petit personnage survolté; et un artiste qui jeûne à en mourir. Tels sont les Monstres fragiles et malheureux que nous présente Alexandre Kha.

S’inspirant d’histoires de E.T.A Hoffmann, Franz Kafka et Adelbert von Chamisso, l’auteur dépeint une galerie de protagonistes malchanceux et malheureux, des hommes ayant du mal à trouver leur place dans une société individualiste, mercantile, intolérante et violente. Comme dans cette relecture de La Métamorphose de Kafka, où Grégoire se transforme en arbre, désespérant sa famille qui finit par le regarder mourir et le fourrer dans la cheminée. Ou cet homme électrique, qui fait exploser toutes les ampoules sur son passage, condamné à s’éloigner de la ville et de la vie. D’une ligne claire tantôt raide, tantôt souple, appuyée par des hachures organiques et nimbée d’élégantes teintes vertes, Alexandre Kha compose un petit monde onirique et agréable à découvrir, mais qui manque un peu de rythme et de surprise. Le mode narratif indirect choisi (le héros raconte son histoire à un tiers, ou ce dernier la conte à un autre) pèse sur l’action et laisse le lecteur à une certaine distance des événements. Et la faible longueur des récits ne facilite pas l’immersion. Dommage, car Alexandre Kha avait matière à composer un univers foutraque et dépressif tout à fait fascinant; il ne lui manque qu’un scénario de plus longue haleine.

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