Les ravins ***
Par Philippe Girard.
Les 400 coups, 14 €, le 4 septembre.
Le 22 septembre 2007, Philippe Girard s’envole vers Saint-Pétersbourg avec son ami Jimmy Beaulieu, pour participer à un festival de bande dessinée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’auteur québécois ne part pas avec un gros moral. D’abord, tout le monde ou presque lui promet que les pires catastrophes lui arriveront au cours de ce voyage, chacun ayant une vision plutôt sombre de la Russie. Et surtout, une concordance de dates le renvoie à une épreuve particulièrement difficile : la disparition quelques mois plus tôt de son meilleur ami, emporté par un cancer foudroyant. Heureusement, l’accueil qui lui est fait sur les bords de la Neva va chasser rapidement une bonne partie de ses idées noires… Membre de la « nouvelle vague » de la bande dessinée québécoise, Philippe Girard s’était jusque là fait remarquer par des histoires à l’humour décalé signées Phlppgrrd (toutes les consonnes de ses prénom et nom !). Cette fois, il avance sans fard et livre son récit le plus personnel. Si l’on sourit souvent des rencontres parfois surréalistes opérées entre deux cultures radicalement différentes, un nuage de mélancolie n’est jamais très loin. D’une nature généreuse, l’auteur va finalement trouver dans ce voyage plein de chaleur humaine une façon de faire le deuil de son ami disparu. Autobiographique mais sans une once de prétention, cet ouvrage est de ceux dont la petite musique vous trotte dans la tête longtemps après la lecture de la dernière page.
Olivier Maltret
Publiez un commentaire