Les Ruines de Tagab
Damien, jeune militaire, rentre d’une mission en Afghanistan où il s’est déjà rendu plusieurs fois. Mais il semble que ce soit la fois de trop. À son retour, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Sa femme et son fils ne le reconnaissent plus, ne parviennent plus à communiquer avec lui. Prostré, mutique, Damien semble souffrir de ce que l’on appelle un choc post-traumatique. Ce roman graphique est le récit de sa lente et difficile reconstruction.
Cyril Legrais propose un scénario très réaliste. Les scènes de la vie quotidienne d’un couple à la dérive, d’un enfant qui recherche le contact avec son père, décrivent parfaitement le sentiment d’incompréhension de la famille de Damien et le drame intime qui se joue. Le lecteur comprend mieux la prostration du héros grâce aux évocations de la vie militaire et de son lot d’humiliations. La famille, finalement trop proche et trop aimante, est impuissante face à son désespoir. La lumière viendra d’une rencontre avec un autre être en marge, un prêtre dont l’église est désertée et à qui les hommes n’accordent plus aucune foi. Le dessin tout en douceur de Nina Jacqmin (La Tristesse de l’éléphant) épouse parfaitement le scénario. Le sable et l’ocre des paysages d’Afghanistan vient hanter les rêves de Damien, enseveli sous le poids de la culpabilité et du désespoir. Cette palette de couleurs est omniprésente dans le récit comme pour rappeler sans cesse le souvenir de cette contrée dans l’esprit du héros. Une BD humaniste et d’actualité, et deux auteurs à découvrir.
Publiez un commentaire