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Les super-héros sous le regard des philosophes

12 avril 2018 |

Les_super_heros_Un_pantheon_moderneLassé de la routine super-héroïque et des « relaunch? Envie de prendre un peu de distance ? Les Super-héros, un panthéon moderne, essai de 150 pages en format poche, revisite à sa façon le mythe des super-héros. C’est Chris Claremont, s’adressant à Alan Moore en janvier 2017, qui en souligne l’importance : « Non, les super-héros ne sont pas uniquement destinés à des gamins de douze ans. Les comics sont de la littérature (…). Et, à l’âge de quarante ans, tu t’apercevras qu’une signification plus profonde t’avait auparavant échappé. »

C’est le parti pris de Vincent Brunner, auteur, romancier et journaliste (Libération, Les Inrockuptibles, Slate, Tout est vrai (ou) presque). Montrer que, loin de n’être que les futiles objets de divertissement d’une culture de masse, les super-héros, par leur (omni)présence, incarnent un nouveau panthéon laïc révélateur de sens. Et tenter de comprendre cet attrait croissant à l’appui des philosophes et de leurs concepts. Sans doute la partie la plus intéressante de l’ouvrage.

Mais bien sûr, soucieux de la plus grande clarté, Vincent Brunner introduit le propos par quelques attendus : le premier chapitre (De quoi les super-héros sont-ils le nom ?) revient sur les stéréotypes du genre et leur significations, des costumes à l’identité en passant par les pouvoirs. Tout en retraçant une brève histoire de leur évolution, passant du mépris à des icônes de la culture populaire, miroirs de dynamiques sociales. C’est Andy Warhol qui, ainsi, recopie une case d’un comic de Superman pour un tableau de 1961. Ou Roy Lichtenstein s’appropriant une case de Jack Kirby pour X-Men dans son tableau Image Duplicator.

La dernière partie insiste sur la dimension cathartique de ces figures universelles de la toute-puissance (souvent) et leur force identificatoire. Sont ainsi convoqués Edgar Morin et son « homme-enfant », l’éthique de conviction de Max Weber mais aussi le concept nietzschéen du surhomme. Le philosophe Thibaut de Saint-Maurice affirmant ainsi que Superman devient un surhomme nietzschéen dès lors qu’il assume sa double identité, au sens où il devient plus fort que lui-même en assumant tous les personnages qui sont en lui. Mais c’est encore l’humanité qu’ils recèlent (Watchmen l’illustrait à merveille!), au-delà des figures du dépassement de soi, qui plaît dans le super-héros. Humain, trop humain…

Il manque sans doute une iconographie et certains passages sont frustrants car trop brefs. Mais jamais jargonnant ou ronflant, à hauteur du lecteur peu au fait, Les Super-héros, un panthéon moderne est une porte d’entrée éclairante sur l’univers des supers-héros, doublée d’une grille de lecture pertinente et documentée sur le nouveau statut dont jouissent Captain America et consorts. Une manière de porter un regard neuf sur une mythologie contemporaine. Les super-héros sont des symboles, assurément. De nouveaux dieux laïcs, peut-être. Les figures rassurantes d’un imaginaire mondialisé et nécessaire, sans aucun doute.

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Les Super-héros, un panthéon moderne.
Par Vincent Brunner.
Robert Laffont, Nouvelles Mythologies, 155 p., 10 €, novembre 2017.

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