Teddy Beat revient dans la collection « BD Cul » des Requins Marteaux avec cinq historiettes délurées. Pour un petit festival de bouffonneries par l’excellent Morgan Navarro, déjà célébré à Angoulême 2012 avec le fauve de l’audace pour, justement, Teddy Beat #1. Au menu donc, du cul, de l’humour, des situations éroticocasses, du porno gentillet un brin voyeur livré à différentes sauces. Notre ami Teddy épuisé, casquette vissée sur le crâne et queue en bandoulière, veut échapper à son insatiable soif de sexe. Il quitte donc son quartier de Brooklyn et voyage…

Après avoir couché avec la sœur somnambule de son meilleur pote, le voilà fourré à Marrakech dans un Maghreb libéré avant d’atterrir à Paris, où il s’improvise avec talent et autorité photographe de mode, là où les filles sont « les plus bonnes de la Terre ». Direction l’Inde ensuite, son namaste, ses positions chelou et son nirvana psychédélique. Enfin, le bouquet final à Jérusalem la religieuse. Le programme ne varie guère : un pays, de l’action à l’horizontale avec des nanas pas farouches, dotées d’un bon gros sens de la répartie et d’un désir sans limite. Une autre manière de voyager, d’humer l’altérité.

Un bon gros délire pour Navarro, du vaudeville new-age dit-on sur la toile, mais pas juste une simple déconnade prétexte à l’exhibition de sexes. Car derrière la facétie « djeuns » percent pas mal de malice et surtout, un humour ravageur, à coup d’ironie, de répliques hilarantes (« Si, si, c’est un hors-série ») et de scènes improbables : près du Mur des Lamentations ou derrière le Mur « antiterroriste » de Jérusalem, Teddy se tape une joggeuse croyante avant l’extase sous les balles…et la paix entre Israéliens et Palestiniens, célébrée dans le sexe fraternel. Tout ça grâce au jogging ! Hilarant ! L’album, lui, baigne dans un univers visuel flashy, fait d’une ligne tremblante, d’aplats décalés et de bonne humeur. Fun, léger, délicieux. En cadeau, un poster et une glace deux boules à l’effet glitter en couverture. De qualité jusqu’au bout ! (Réservé à un public averti).