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Liaisons dangereuses – Préliminaires #1

10 novembre 2017 |
SERIE
Liaisons dangereuses - Préliminaires
ALBUM
L'espoir et la vanité - 1
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
14.50 €
DATE DE SORTIE
11/10/2017
EAN
2344018247
Achat :

liaisons_dangereuses_image1En 1755, Sébastien Valmont est le dernier garçon d’une grande fratrie, chétif et fragile. Ses parents n’attendent guère rien de lui, son état et sa position dans la famille ne l’obligeant pas à tenir un rang dans la haute société. Inquiète de sa santé, sa mère se confie cependant à Madame de Senanges, une comtesse distinguée et en vue mais guère argentée. Cette dernière le prend sous son aile, lui faisant découvrir alors les codes de la haute aristocratie mais aussi les plaisirs voluptueux et le pouvoir du sexe dans ce monde impitoyable régi par les faux-semblants.

Nul besoin de présenter l’immense chef d’œuvre de Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, dont plus d’une adaptation, surtout cinématographique, a été commise au cours des décennies passées. Ce diptyque, dont voici le premier volet, s’interroge sur la genèse des héros du roman, Valmont et, nous supposons que ce sera le cas dans le second volet, la marquise de Merteuil. Cette BD se définit donc comme un préquel, c’est-à-dire l’histoire avant l’histoire.

liaisons_dangereuses_image2L’exercice est périlleux. D’abord s’attaquer à un monstre de la littérature, connu surtout de par ses adaptations, est scabreux. La postérité a fait des Liaisons un roman érotique, ce qu’il n’est pas ; cela occasionne donc de nombreux contresens que Préliminaires évite dans son scénario (mais pas dans son titre). En faire un préquel est certainement un moyen de détourner la difficulté de l’adaptation : on raconte une autre histoire, avec les mêmes codes. C’est ce que fait plutôt habilement Stéphane Betbeder (L’Apache et la cocotte, Dr Watson, Deep, Inlandsis, …) qui livre un scénario ciselé, alambiqué mais compréhensible. Il reprend finalement la trame des Liaisons, une facilité certes, mais le procédé a l’avantage de répondre à sa problématique, à savoir comment Valmont est devenu Valmont. Ainsi, le scénario se révèle séduisant si on accepte le questionnement psychologisant un peu attendu.

Si ce parti-pris évite à l’album de tomber dans une lecture érotique des Liaisons dangereuses, le dessin se révèle plus décevant. Encore faut-il nuancer : quelques belles scènes d’un Paris XVIIIe siècle montrent le talent de Djief (White Crows, Le Crépuscule des dieux, …). Par contre, les personnages féminins, celui de la comtesse de Senanges surtout, se révèlent d’une vulgarité sans nom. Faut-il pour évoquer le libertinage que l’héroïne ait des allures, au mieux, d’actrice de films pornographiques ? Pire, certaines cases semblent sorties de ces visuels à l’érotisme désuet des canevas de nos grands-mères où les modèles prenaient des poses lascives en laissant la bouche entrouverte ! Quant à Valmont, sous prétexte d’une certaine fragilité, il est mal traité, peu expressif et dans des postures trop simplistes. Un exercice graphique plaisant surgit cependant à la fin : celui du théâtre d’ombres chinoises, que le dessinateur utilise pour conclure son premier tome. On aurait aimé que ce procédé soit distillé tout au long de l’album…

Préliminaires laisse donc un sentiment ambigu : si le scénario s’en sort plutôt bien, les choix graphiques ne parviennent pas à faire sortir l’album d’une érotisation maladroite, lecture biaisée des Liaisons dangereuses.

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