"L'Illusionniste" doux-amer de Sylvain Chomet
L’illusion, c’est son rayon. Il sort un lapin de son chapeau, agite un foulard et fait apparaître mille merveilles.
Notre héros est à la fois magicien, prestidigitateur, artiste à l’ancienne. Qui voit son monde, celui du music-hall, s’écrouler. Nous sommes à la fin des années 50 au Royaume-Uni, le rock vampirise la scène, rendant obsolète le petit peuple (acrobates, ventriloques, jongleurs…) qui écume les théâtres.
On suit la déchéance de l’Illusionniste, dont on ne saura pas le nom, de salle en salle (de plus en plus petites), d’une garden-party où l’on se désintéresse complètement de sa personne à un pub écossais où soudainement il est le centre de l’attention. Traité comme un hôte de marque, l’homme mûr désenchanté voit plus pauvre que lui: Alice, gamine à tout faire de l’auberge, a des étoiles dans les yeux lorsqu’elle le regarde. Elle croit en lui et à ses tours, tout simplement, occultant le fait que sa magie n’est que manipulation.
Oubliant qu’il est au bord de la misère, le magicien va alors lui offrir des chaussures, puis une robe. La fillette innocente en veut toujours plus – puisqu’elle ignore le coût des choses. Et va pousser son ami à partir à Edimbourg, tenter sa chance…
Avec cet Illusionniste, Sylvain Chomet, réalisateur des Triplettes de Belleville et coauteur avec Nicolas de Crécy de Léon la Came, rend un hommage vibrant à Jacques Tati (1907-1982). L’artiste y faisait déjà référence dans ses Triplettes. Pour obtenir l’autorisation d’utiliser un extrait de Jour de fête, il contacte à l’époque Sophie Tatischeff, fille du cinéaste et administratrice de sa succession. « Elle a mentionné un scénario jamais tourné de son père en laissant entendre que mon style d’animation pourrait lui convenir », précise Sylvain Chomet.
« L’Illusionniste a été écrit par Tati entre 1956 et 1959, poursuit le réalisateur. L’histoire évoque l’irrémédiable passage du temps et j’ai parfaitement compris pourquoi il ne l’avait pas portée à l’écran. Elle était beaucoup trop proche de lui, et parlait de choses qu’il ne connaissait que trop ; il préférait se cacher derrière la silhouette de Monsieur Hulot. »
Sylvain Chomet, lui, s’empare du sujet avec la distance nécessaire. Après quelques aménagements (de lieu notamment, puisque le scénario original se déroulait partiellement à Prague, et non à Edimbourg), il en tire un film quasi muet aux bruitages soignés, dont la grâce est baignée d’une tendresse douce-amère. Loin des effets spéciaux et de la 3D parfois clinquante dont regorgent certains films d’animation actuels, son Illusionniste montre parfaitement le passage d’un âge à un autre, et la difficulté de voir son temps révolu. Sans céder à la facilité d’un happy end facile, ce long-métrage nostalgique émeut et hante encore, quelque temps après le clap de fin.
Laurence Le Saux
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L’Illusionniste
Film d’animation de Sylvain Chomet, d’après un scénario original de Jacques Tati. Durée: 1h20.
En salles le 16 juin 2010.
Images © Pathé.
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« On suit la déchéance de l’Illusionniste, dont on ne saura pas le nom, »
Ah si on sait son nom, c’est écrit sur ses affiches « Tatischeff » (le vrai nom de Jacques Tati).
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« On suit la déchéance de l’Illusionniste, dont on ne saura pas le nom, »
Ah si on sait son nom, c’est écrit sur ses affiches « Tatischeff » (le vrai nom de Jacques Tati).
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@ Elmer : Bien vu !
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@ Elmer : Bien vu !
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Quand on connait un peu mieux la vie de Jacques Tati, cet « illusionniste » donne un gout amer…
J espere sincérement que Chomet a arrêté de « s’inspirer » de son ancien « ami » Nicolas de Crecy -
Quand on connait un peu mieux la vie de Jacques Tati, cet « illusionniste » donne un gout amer…
J espere sincérement que Chomet a arrêté de « s’inspirer » de son ancien « ami » Nicolas de Crecy -
« Sans céder à la facilité d’un happy end facile, ce long-métrage nostalgique émeut et hante encore, quelque temps après le clap de fin. »
Pour aller au bout du truc je vous propose de réécrire la dernière phrase ainsi :
« Sans céder à la facilité d’un happy end facile, ce long-métrage nostalgique émeut facilement et hante encore, quelque temps après le clap d’une fin difficile. »
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« Sans céder à la facilité d’un happy end facile, ce long-métrage nostalgique émeut et hante encore, quelque temps après le clap de fin. »
Pour aller au bout du truc je vous propose de réécrire la dernière phrase ainsi :
« Sans céder à la facilité d’un happy end facile, ce long-métrage nostalgique émeut facilement et hante encore, quelque temps après le clap d’une fin difficile. »
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