L’Indivision
Martin et Virginie s’aiment d’un amour passionnel et déchirant. Et interdit. Car Virginie est mariée et heureuse avec ses enfants. Mais surtout, Martin est son frère.
Zidrou s’attaque ici à un sujet tabou dans la société, et très délicat à aborder dans une fiction en bande dessinée. Sans tomber dans le pathos, le moralisme ou même le voyeurisme. Petit miracle, le scénariste hyperactif (Boule à zéro, Ric Hochet, Merci, Rosko, La Mondaine, Les Folies Bergère…) réussit à écrire une histoire sobre et crédible, souvent bouleversante, en évitant tous les écueils. Son récit est troublant, évidemment, mais jamais donneur de leçons ou gratuitement glauque. Martin et Virginie souffrent de cette attirance trop puissante, mais se sentent tellement plus libres et beaux quand ils sont dans les bras l’un de l’autre… Que faire? En creux, Zidrou questionne : l’inceste, quand il est consenti, est-il forcément condamnable? Qui sommes-nous pour juger? Comme à son habitude, il enveloppe ces interrogations profondes dans une atmosphère positive, avec bons mots et francs sentiments, et suscite forcément l’émotion. Au dessin, Benoît Springer s’attarde sur les visages, les regards, une main qui caresse, des larmes qui affleurent. Son trait est nuancé, précis mais pas ultra-réaliste, et il est joliment mis en valeur par les couleurs de Séverine Lambour. Ce graphisme doux et empathique répond admirablement à la plume alerte de Zidrou, et l’ensemble forme un mélodrame audacieux. Chapeau.
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Une audacieuse exploration.
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