L’Ogre amoureux
Un renard et un ours se promènent dans une riche campagne à la recherche de quelques poules à croquer. Le renard est sûr de lui, l’ours un peu moins. Fort de son assurance, le premier s’approche d’un poulailler et se retrouve prisonnier du fermier, qui ne tarde pas à le livrer au terrible comte de Barback. Un ogre qui, on s’en doute, mange de tout et tout le temps. Intrigué par le goupil, l’ogre, en manque d’amour, lui propose un marché : il ne le mangera pas si, le lendemain, il lui trouve une femme.
Conte destiné aux grands ados et aux adultes, L’Ogre amoureux est une fable foutraque et délirante, jouant sur les codes et les visuels des contes classiques afin de mieux jurer avec le scénario trash et les dialogues percutants et crus. On aime particulièrement ces personnages qui semblent ne pas être ce qu’ils sont, comme ce gentil petit couple de vieux, passionné par la taxidermie !
Nicolas Dumontheuil, seul aux manettes de cet opus, use de son classique coup de crayon modernisant la ligne claire, entre caricature et réalisme. On retrouve d’ailleurs un renard identique à celui de son adaptation d’Arto Paasilina, La Forêt des renards pendus. Cette fois-ci, l’auteur bordelais, natif d’Agen, rehausse l’ensemble de couleurs chatoyantes et franches, collant ainsi mieux à la parodie de livres pour enfants. Le scénario manque un peu de rigueur dans son déroulé et sa cohérence ? Peu importe, cela renforce l’aspect délirant du propos !
Comme pour chaque fable, chaque conte, il y a le message, la morale et ici l’auteur livre sa réflexion personnelle sur l’importance du regard d’autrui, l’image que l’on veut renvoyer, la quête de l’amour, la peur de la solitude… Que vaut une vie vécue sans l’embrasement amoureux ? Rien, semble nous dire l’ogre, dont l’insatiabilité alimentaire comble le vide affectif. Une jolie réécriture moderne des contes de notre enfance.
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