L’Oisiveraie
Roland, il a ses petits rituels. Lever, p’tit déj, sortir sa soeur gâteuse dans le jardon. Enfourcher son vélo, passer au marché. Et s’envoyer un ou deux godets au bistrot. Ou trois ou quatre. Aujourd’hui, en plus, faut se donner du courage car il a convié les amis à venir repeindre la cuisine. Pfff, quelle vie !
David Prudhomme a entièrement redessiné et recomposé ces planches parues pour partie chez Le Rideau d’arbres en 2002 et 2005. Et c’est tant mieux. Car il offre une nouvelle vie, un nouveau souffle, à un album prônant la lenteur, l’entraide, la camaraderie. Et montrant que le quotidien peut être vécu sans toujours foncer à 200 km/h ni vouloir être le premier ou écraser les autres. L’auteur de Mort et vif ou Rébétiko laisse aller sa plume pour croquer d’une ligne fluide et aérienne – dans un style qu’on dirait hérité d’un Gébé – ces personnages truculents de retraités ou d’oisifs de village, adeptes du café « bien mouillé », de la douzaine d’huîtres au comptoir et de la sieste sous les arbres du jardin. Pour qui prendre le temps de causer du bon vieux temps comme de celui qui passe là maintenant, sous l’oeil de ce grand fainéant de soleil, est bien plus sain que d’aller chez le dentiste ou devenir végétarien. À l’Oisiveraie, on est loin de la start-up nation, on n’a sans doute pas souscrit d’actions FdJ et on ne louera jamais une chambre sur Air BnB. Mais on observe les pies, on bichonne ses poulettes, on colle des tomates achetées au marché dans son potager pour faire enrager les voisins, et on partage une bouteille de rouge avec le premier qui passe le seuil. Allez, vous vous arrêterez bien un moment à L’Oisiveraie ? Le temps de lire, de vous poser. Et qui sait, vous prendrez peut-être un peu racine…
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