De Pablo, on ne sait que peu de choses, à part qu’il est en vacances. Enfin, pas véritablement. Il a beau avoir réussi ses examens, il doit encore profiter de l’été pour réviser ses cours de botanique. Ses parents sont bien là pour lui faire comprendre et ne le lâchent pas d’une semelle. Arrivé chez sa grand-mère, il profite enfin de leur absence pour se laisse aller à l’oisiveté. Le temps d’un après-midi, il croise Carla, une fille de son âge installé dans le camping du coin avec ses parents. D’elle, on en sait encore moins, si ce n’est qu’elle aime la photographie et capturer l’anodinité du quotidien. De cette rencontre découlera une relation dont seul l’été a le secret.

Pour leur première bande dessinée, Cécile Dupuis et Valérian Guillaume ne s’embarrassent que de peu de mots pour amorcer, construire et développer la liaison de ces deux jeunes adultes, qui profitent de la plage, d’une douce complicité, et du moment, tout simplement. Avec de grandes cases collées les unes aux autres, Cécile Dupuis se fait poète de l’instant. Donnant de l’importance aux petites choses en apparence quelconques, ses planches gracieuses se construisent dans un silence qui marque le temps qui passe. Gestes, regards, objets, capturent l’indicible été suspendu de deux cœurs qui chavirent pour mieux résonner à l’unisson.

L’ambiance calme et chaleureuse de cette aventure estivale passe par un élégant camaïeu de couleurs ocre et bleues qui habillent le sable, la pierre, la peau et la mer. Un délicat jeu de lumière et de contrastes donne du relief à la ligne claire et aux grands espaces de cette bande dessinée. On se laisse charmer par cette tranche de vie faite de sentiments contenus et propose un de ces instantanés, à première vue banal, et qui dans le même temps marque ses protagonistes à tout jamais.

 

©L’ombre des pins – Dupuis-Guillaume – Ed. Virages Graphiques 2022