Lore Olympus #1
Le sombre et raide Hadès, dieu des Enfers, flashe sur Perséphone lors d’une fête trop arrosée organisée par Zeus. Aphrodite, jalouse de la beauté de cette naïve jeune femme, veut lui jouer un mauvais tour : elle demande à son fils Eros de l’ennivrer et de la déposer dans la voiture d’Hadès, histoire de mettre mal à l’aise tout le monde. Sauf que naît alors une idylle puissante, mais qui mettra du temps (et des larmes) à se concrétiser. Car la candeur de la craquante Perséphone va attiser de nombreuses convoitises…
Revisiter le mythe grec d’Hadès et Perséphone à la manière d’une romance à l’heure des réseaux sociaux, voilà une idée intéressante et audacieuse. On retrouve ainsi toute la bonne société de l’Olympe, les frères d’Hadès (le frimeur inconstant Zeus et le violent Poséidon), la maladivement jalouse Aphrodite, l’irascible Héra, la douce Artémis, etc. La Néo-Zélandaise Rachel Smythe dote chacune et chacun du caractère classiquement diffusé par la mythologie et l’adapte à un monde contemporain : l’exemple le plus frappant est sans doute le bellâtre Apollon qui, trop sûr de sa beauté étincelante et de son aura, fait pression sur les jeunes femmes fragiles pour abuser d’elles. S’ajoutent à ces choix plutôt pertinents un décorum digne des séries télé américaines, avec grosses voitures, appartement luxueux, virées shopping, accessoires modernes (smartphones, etc.). Cette histoire d’amour et de domination fonctionne dès lors plutôt bien, car séquencée en courts chapitres rythmés. Et pour cause, elle fut d’abord diffusée sur le net, ce que rappelle, à l’américaine, l’argument sur la couverture : « la série phénomène n°1 sur Webtoon ».
C’est sans doute là que résident le point fort et le plus gros défaut du livre. Conçu autour une narration diluée et ponctuée, pour coller au format d’épisodes numériques réguliers, Lore Olympus lasse un peu par la récurrence de ses effets narratifs et visuels, tels ces gros plans muets et ahuris, ou ces cliffhangers un peu forcés. La transposition de l’écran à la planche est quant à elle plutôt correctement faite, même si on n’oublie jamais vraiment qu’à la base il y a un webtoon : la pauvreté (voire l’absence) de décor, masquée par des couleurs qui dégoulinent, fatigue aussi à la longue. Enfin, les dialogues sont souvent creux voire simplement vulgaires, en écho à un environnement graphique à la limite de l’érotisme soft – ce qui est paradoxal compte tenu de l’ambition de modernité de cette romance…
On trouve peut-être la raison à ces choix dans le cible visée : le rayon « young adult », lecteurs (et surtout lectrices) avides d’une fiction à la fois tendre et sombre, offrant son lot de sensations fortes sans forcément creuser très profond. Lore Olympus répond efficacement et de manière originale à ce cahier des charges. Et ne plaira donc pas, de fait, à tous les publics.
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