Un couple de journalistes pénètre en Iran pour, clandestinement, recueillir le témoignage de jeunes gens sur la réalité de leur quotidien. Il est question de politique et de tradition. Mais surtout de la quasi impossibilité pour les garçons et les filles de se rencontrer hors du strict cadre familial, sans parler des extrêmes difficultés – et des risques pour leur vie – de s’isoler pour faire l’amour.

Jane Deuxard est le pseudonyme d’un couple de journalistes spécialiste de l’Iran, qui a réussi à faire parler, sous un strict anonymat pour d’évidentes raisons de sécurité, de nombreux jeunes citoyens de cette dictature religieuse. Des hommes et des femmes frustrés, meurtris, torturés par une société qui, écrasée par le poids des traditions et un régime extrémiste, leur refuse le simple droit de s’aimer. Dans une mise en scène sobre et frontale, avec un dessin plein de chaleur, Deloupy met en images ces discours souvent amers et résignés. Car la génération des 20-30 ans, semble aujourd’hui baisser les bras, après la manipulation électorale de 2009 qui permit à Ahmadinejad de se maintenir au pouvoir. Une gifle qui s’ajoute à la défaite de leurs parents, qui avaient fait tomber le Shah en 1979 et s’était retrouvés pris au piège des religieux… Plein d’anecdotes terribles, révélant une société verrouillée, brutale et hypocrite, l’album dresse un portrait assez désespéré de cette jeunesse privée d’amour et de liberté. Car comment le pays pourra-t-il se régénérer si ses enfants ne croient plus ni dans l’État ni surtout dans la famille, une famille qu’on leur a imposée ?


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