Trois ans ont passé depuis les évènements décrits dans Ce qui se passe dans la forêt, le premier roman graphique d’Hilding Sandgren. Mais il n’est pas besoin de connaître leur passé pour s’intéresser au trio formé par Aida, Marlène et Tess. Dans le paysage de la Suède rurale, l’été de leur seize ans va être marqué par un événement majeur. Événement qui structure le récit entre un avant et un après, et tient le lecteur en éveil.

Mais il n’est pas le seul point d’intérêt de cet ouvrage qui s’attache tout autant à montrer le quotidien des jeunes filles entre un père qui déshonore son foyer, un premier compagnon, une voiture qu’on n’a pas et qui empêche d’être autonome, la tendresse d’une amitié qui évolue peut-être vers autre chose. Évitant tout cliché, Hilding Sandgren restitue très bien les émotions et le langage de l’adolescence. Ses trois personnages féminins sont crédibles et progressent chacun dans le récit d’une manière subtile et cohérente. Son dessin vif au crayonné dépeint des corps charnus et en révèle les détails intimes (piercings, bourrelets, culottes qui dépassent).

Si la lecture est globalement un peu sombre, entre le gris du crayon et la violence qui hante le livre, l’énergie de s’élever, déployée toute en nuance par les personnages, en fait une expérience intéressante.