Lyon BD mordu des zombies de Charlie Adlard
Le Festival Lyon BD s’est tenu le week-end des 8 et 9 juin, mais plusieurs de ses expositions perdurent au-delà de ces deux jours de festivités. À commencer par le clou de cette 14e édition, l’exposition « Charlie Adlard – Walking Dead et au-delà », installée au Musée d’Art contemporain de Lyon (MAC).
Ouverte jusqu’au 7 juillet dans une immense salle du 3e étage du Musée d’Art contemporain de Lyon, l’exposition consacrée au travail de Charlie Adlard dévoile plus d’une centaine de ses planches originales et des reproductions (pour les oeuvres 100% numériques, notamment). Walking Dead, bien sûr, mais aussi son récent Vampire State Building, ou les plus anciens La Mort Blanche, Corps de pierre et Codeflesh, ou encore un épisode de Batman (Gotham Knights).
L’espace est vaste, très très vaste, comme rarement pour exposition de bande dessinée. Un effet renforcé par le vide laissé au milieu de la salle : en effet, la scénographie est ultra-minimaliste, pour ne pas dire absente, les planches étant accrochées sur une large bande rouge arpentant les murs blancs, et rien au centre. Juste un écran, au fond, reprenant un live-show d’Adlard, avec une chouette ambiance sonore, assez inquiétante. Mais vu la taille du lieu et la puissance de l’éclairage, peu de chance de ressortir flippé. Dommage, car la pièce d’accueil, plus sombre, était bien plus dans le ton pour un dessinateur de fantastique et d’horreur.
Hors les espaces liminaires et, donc, une musique et des bruits de fond, il faut se contenter des planches pour se mettre dans l’ambiance. Et là, le choix et la présentation sont davantage au niveau de ce qu’on peut attendre d’un musée comme le MAC. Pour les originaux de Walking Dead, le crayonné de Charlie Adlard est présenté en vis-à-vis de la planche encrée par Stefano Gaudiano – une excellente idée, qui rend aussi hommage au dessinateur de l’ombre (et des ombres) qu’est l’encreur. Et si les encrages sont précis, le crayonné d’Adlard est ultra dense et musclé : on sent le professionnalisme et l’investissement de l’Anglais, 52 ans, impliqué dans cette série depuis déjà 15 ans. Par ses compositions, ses hachures maniaques, ses visages expressifs, et sa ligne jamais figée, il montre un talent de dessinateur impressionnant. Et les planches choisies – beaucoup de grandes vignettes, des gerbes de sang et de beaux gros plans – le mettent bien en valeur.
Plus anecdotiques, à côté, paraissent les planches de ses autres séries. Car ce sont souvent des reproductions (de très bonne qualité, ceci étant dit), et surtout parce que les infos et la mise en contexte dans sa carrière manquent. On est toutefois un peu titillé par ce projet de SF avec Robert Kirkman (Le Passager), toujours en sommeil, ou des peintures numériques en couleurs, intéressant exercice de style. Et la vidéo dans l’atelier de Charlie Adlard vient offrir un bon complément. Mais guère plus.
On ressort donc à la fois ravi par cette débauche de zombies crayonnés, et frustré par l’absence de mise en immersion. Une expo entre deux, un peu comme un mort-vivant, en somme.
Photos © BoDoï
Publiez un commentaire