Lyon BD vous explique « L’Art invisible »
Le Lyon BD Festival a mis le paquet sur son exposition phare cette année. En co-production avec le Musée de l’Imprimerie et de la communication graphique, il propose « Bande dessinée : l’art invisible », ou comment tout comprendre du medium bande dessinée, grâce à Scott McCloud.
Bonne surprise, il ne s’agit pas là d’une simple expo d’originaux de l’auteur américain du Sculpteur, et surtout de L’Art invisible et Faire de la bande dessinée. Non, en se basant sur ces deux albums références dans l’analyse des mécanismes narratifs et des outils créatifs qu’offre la BD, les concepteurs de l’expo, dont le scénariste lyonnais Jean-Christophe Deveney, proposent une scénographie progressive et didactique pour comprendre pourquoi la bande dessinée est une forme si fascinante. Et ce, pour un large public : les néophytes découvriront l’éventail des possibilités des cases et bulles, les spécialistes se réjouiront du choix des oeuvres sélectionnées. Des agrandissements de cases des livres de McCloud apportent la touche pédagogique, des oeuvres originales (ou de jolies reproductions) d’autres artistes apportent l’exemple. Efficace et bien vu.
La première salle rafraîchit les mémoires sur la naissance du 9e art, en Suisse avec Töpffer notamment. Et s’interroge sur les limites de cet art séquentiel : textes illustrés, littérature en estampes, publicité en BD, roman photo, dessins numériques à faire défiler verticalement… Où s’arrête la BD ?
La suivante explore une des notions fondamentales de l’art séquentiel : l’ellipse. Avec la plus belle des illustrations : des originaux de L’Autoroute du soleil de Baru (ainsi qu’un clin d’oeil du Lyonnais B-Gnet). Mais aussi des planches du récent Imbattable, de Pascal Jousselin, pour montrer que la planche en elle-même est un terrain de jeu inépuisable.
Ensuite, on se penche sur la bulle et ses possibilités de jouer avec le texte. Avec l’excellent Diagnostics de Diego Agrimbau et Lucas Varela, dans lequel les auteurs manipulent avec audace le texte pour exprimer au mieux les symptômes de maladies rares. Et quid des sens autres que la vue ? Le son, la musique notamment? Comme lui donner vie en BD ? Le Piano oriental de Zeina Abirached vient offrir de jolies pistes de réflexion.
Vient ensuite la salle dédiée à quelques expérimentations. Comme les jeux de l’OuBaPo, édités par l’Association : le Scroubabble, le Domipo, Coquetèle… Ou le récent Phallaina, et son récit à faire défiler horizontalement. Et en bonus vidéo, une leçon de dessins sur palette, par Bastien Vivès.
Enfin, le clou de l’exposition est l’atelier, celui des auteurs de Blacksad, Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido. Pas vraiment un atelier reconstitué, mais l’occasion de voir le documents de travail du duo d’auteurs, et de comparer le processus de la création des albums de Blacksad avec les préceptes de Scott McCloud.
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Bande dessinée : l’art invisible.
Exposition jusqu’au 20 septembre 2017.
Musée de l’imprimerie et de la communication graphique.
13 rue de la Poulaillerie, Lyon 2e.
Du mercredi au dimanche, 10h30-18h.
Tarifs : 4-6 €.
Photos © Benjamin Roure pour BoDoï
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