Par Paul Filippi et Mathias Mercier. Casterman/KSTR, 15€, le 10 avril 2013.

« Madie ne marche pas,/Elle danse au bruit de la terre./Elle chamboule le temps/Et fait valser nos cœurs. »

Ça, c’est Edouard, l’homme avec qui Madie a choisi de partager sa vie, qui le dit. Elle est médecin, et consulte à domicile. Lui fait carrière dans l’enseignement, et pratique la musique en amateur. Ensemble depuis sept ans, ces deux trentenaires vivent des jours heureux à Lunéville, dans l’Est de la France, entre famille et amis. Mais la vie de notre couple sans histoire prend une tournure inattendue – et même du plomb dans l’aile – lorsque Madie apprend que Frédéric, son amour de jeunesse qu’elle croyait disparu, est bel et bien vivant. Profondément affectée par la nouvelle, elle décide de se lancer sur ses traces, direction Bruxelles, au risque de laisser en chemin son actuel compagnon…

Madie est, après Colères, dont nous avions parlé, le second fruit issu de la collaboration entre le scénariste Mathias Mercier (Toubab or not toubab) et le dessinateur Paul Filippi. Que l’on ne s’y trompe pas : si son graphisme, épuré et élégant, rappelant parfois celui de Dupuy & Berberian, pourrait laisser penser qu’il s’adresse à la jeunesse, les sujets abordés sont résolument adultes. Un secret de famille trop lourd à assumer, un enfant trompé décidant de rompre toute attache avec ses parents, le délitement progressif d’un couple… Quelques-unes des nombreuses turpitudes auxquelles sont un jour ou l’autre confrontés les hommes, en somme. Le tout traité avec finesse, pour ne pas dire un certain « réalisme psychologique », et entrecoupé fort heureusement de moments plus réjouissants, comme un dîner entre amis, un peu de complicité amoureuse ou encore une partie de foot à la belle étoile. Sans être indispensable, cet ambitieux et poignant récit ne devrait laisser personne indifférent.

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