Mangasia : l’expo BD de l’été
Nous vous l’annoncions en avril : après un démarrage en Italie et la publication française de son catalogue chez Hors Collection, c’est au tour de la France d’accueillir l’exposition itinérante Mangasia – Merveilles de la bande dessinée d’Asie. Celle-ci est visible depuis le 30 juin au centre culturel Le lieu unique de Nantes et y restera jusqu’au 16 septembre 2018. Au programme, du manga, mais pas que ! En effet, après s’être longuement attardé sur la bande dessinée japonaise dans l’ouvrage de référence Manga : Soixante ans de bande dessinée japonaise, le critique et commissaire d’exposition Paul Gravett propose ici d’élargir le propos avec la toute première exposition autour de la BD asiatique dans son ensemble. Et quand on voit le peu de publications asiatiques qui nous parviennent en France (hors mangas), on se rend compte de tout l’intérêt du projet. Soyons clairs, avez-vous déjà lu, ou même vu ou entendu parler de BD venues d’Inde, de Malaisie, du Cambodge ou du Timor oriental ? Eh bien, grâce à cette exposition, vous pourrez enfin en découvrir plus sur tout un pan inexploré du 9e art mondial.
Mangasia s’articule autour de 6 axes. Le premier permet de faire un rapide tour d’horizon de l’histoire, de la diversité, du dynamisme de la bande dessinée asiatique. Il rappelle aussi l’influence du manga sur ses voisins, tels le manhwa coréen ou les moins connus cergam d’Indonésie, komika des Philippines… Dans une deuxième partie, on s’intéresse au genre fantastique : place alors aux yôkaïs, esprits, et autres légendes et mythes asiatiques, sources intarissables d’inspiration. Le troisième volet revient sur l’Histoire et son influence sur la production de BD asiatique.
La quatrième section s’attarde sur le travail d’auteur de BD, que ce soit au niveau du processus créatif ou du lieu de travail. Elle présente aussi de nouvelles plumes et des artistes alternatifs. Le cinquième axe s’attarde sur la censure et l’autocensure, quand il s’agit de politique, de violence ou de sexualité. L’exposition y présente notamment la production pléthorique de BD érotiques, homosexuels et pornographiques, dans un espace réservé aux adultes. Le sixième et dernier pan de l’exposition s’attarde sur les adaptations de ces BD, ainsi que l’influence qu’elles ont sur les autres arts : animation, adaptations filmées, personnages fictifs typés « manga », mode, art, jeux vidéo… Les interactions entre les médias sont présentées au travers de nombreux extraits vidéos, tableaux, mannequins, mais aussi d’une expérience qui permet au visiteur de se mettre virtuellement aux commandes d’un mecha grandeur nature (robot géant typique des récits de science-fiction japonais dont le plus connu en France est Goldorak).
Toute la richesse de cette exposition est de proposer sur un pied d’égalité les productions asiatiques tout en les mettant en perspective les unes par rapport aux autres. On y découvre une grande sélection d’originaux, de fac-similés, de publications originales, de toiles, ainsi que quelques objets liés à la bande dessinée. On trouvera notamment des œuvres de Taiyô Matsumoto, Li Kunwu, Junko Mizuno, Ken Niimura, Kazuo Kamimura, Park Kun-woong, Jirô Taniguchi, Osamu Tezuka, Lin Li-Chin, Hokusaï… et bien d’autres !
Pour les plus impatients ou ceux qui ne pourront pas s’y rendre, sachez que Paul Gravett a publié des vidéos (3 sur 6 sont disponibles pour le moment) permettant de faire un tour commenté (en anglais) de l’expo : première vidéo, deuxième et troisième.
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Photos © Rémi I. pour BoDoï.
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Excellente exposition, je viens (enfin) d’aller la voir. Je ne peux que conseiller à toutes et à tous celles et ceux qui ont la possibilité d’y aller avant la fin de ne pas rater cette visite.
Comme le fait remarquer Rémi dans son texte, Paul Gravett est un fin connaisseur de la bande dessinée mondiale et il met ici sa science au profit de la bande dessinée asiatique.
A la différence de Rémi, je trouve que l’expo penche un peu trop du côté manga, la BD de Corée du Sud et la Chine est un peu trop sous-représentée, surtout dans son versant grand public. Ceci dit, quand on connait le poids et l’influence du manga dans toute l’Asie de l’Est et du Sud-Est, ce déséquilibre est tout à fait compréhensible.
De toute façon, allez-y, il ne reste plus que deux semaines !
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