Manipulator
Dans un royaume animalier peuplé de musaraignes, Muz, un « esprit scientifique doté d’un fort sentiment humaniste », a décidé d’enseigner à ses congénères comment repérer et se protéger des manipulateurs. Avec ses assistants, il donne des cours magistraux à une assistance d’abord ébahie, bientôt éduquée. La bestiole décrit le « pervers narcissique », sa toxicité sociale, face à laquelle il faut éviter « l’ignorance et la candeur ». Avec elle, on découvre les « cinq masques », ou systèmes de dissimulation des manipulateurs (la sympathie, l’altruisme, la culture, l’effacement, le côté caractériel) ; ou encore les « trois diamants noirs », des techniques prisées de ce type de personnalités (le manque de respect, la culpabilisation et l’injonction paradoxale)…
La narration adoptée pour Manipulator n’est pas franchement passionnante : malgré un net effort pour les rendre attrayantes, la transposition de ces théories de psychologie sociale au pays des musaraignes est poussive, et franchement redondante. Le trait de Makyo (Balade au bout du monde, Je suis cathare…), au crayon, tranche avec le fond, mais apparaît un peu trop chargé. Clairement didactique et assez technique, le propos de l’ouvrage — inspiré de divers guides et essais sur le sujet, dont le Petit traité de manipulation à l’égard des honnêtes gens, de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois — est, lui, tout à fait captivant. Résultat, l’album se lit avec intérêt, mais marque l’esprit par les concepts déroulés, plutôt que par l’histoire ici dessinée.
Publiez un commentaire