Un détective privé ivre de vengeance, une belle blonde disparue avec son amant et une statuette hors de prix, un tueur en noeud papillon, une très gentille stripteaseuse… Pas de doute, on est dans le polar noir, entre Chandler et Hammett. Et, dans ce genre franchement éculé en bande dessinée, le Belge Emilio Van der Zuiden fourmille d’idées de mise en scène pour tenir le lecteur en haleine.

Fer de lance de la collection Calandre des éditions Paquet (autour de belles cylindrées), Emilio Van der Zuiden change de registre pour proposer un polar hardboiled très référencé, mais qui happe le lecteur par une ligne claire détaillée et pleine de charme, et des compositions de planches étonnantes pour sortir du ronron classique de ce type d’enquête – un détective violent mais ayant le sens de l’honneur se fait malmener par les méchants et les jolies femmes. Comme souvent dans ce genre d’histoire, le scénario est rempli de fausses pistes, et les clichés nombreux. Ce n’est donc pas là que réside la bonne surprise de ce premier tome d’un diptyque, mais bien dans son graphisme ultra-léché et son effort pour ne pas aligner deux planches qui se ressemblent : répétition de cases, lecture en double-page, déroulement vertical, décor global découpé permettant une vision à deux niveaux… Ce qui permet de fermer les yeux sur les trop nombreux clins d’oeil sexy et de ne pas s’interroger sur la raison pour laquelle le héros a un physique, littéralement, de gorille… Malgré ces quelques défauts, le plaisir de lecture est donc là. À suivre donc pour confirmation.