Mes mauvaises filles
Bri est la vie incarnée. Une femme forte, pétillante, résiliente. Mère de deux filles qu’elle élève passionnément, à qui elle fait rater l’école quand il fait trop beau, histoire d’aller se promener et d’en profiter.
Atteinte depuis longtemps d’une maladie des poumons, elle se voit décliner et sent qu’elle ne pourra bientôt plus lutter. Plutôt que se résigner à vivre avec une bouteille à oxygène, en restreignant ses activités, elle décide de ne pas être dans la survie, et d’accepter d’en finir avec la vie. Seulement le chemin est difficile vers la délivrance. Ses deux filles adultes, Ylva et Liv, vont devoir l’aider à abréger son agonie à l’hôpital…
Oui, le sujet de Mes mauvaises filles est lourd. Mais Zelba, alter ego d’Ylva, le traite avec une infinie délicatesse. Plutôt qu’un album plombant, elle réussit une ode à la vie, un hommage à l’enthousiasme et à la force de sa génitrice. Elle choisit de narrer longuement le remariage de son père, et à travers cet événement la façon dont elle et sa soeur vivent le deuil de Bri et se reconstruisent. Elle effectue de larges retours dans le passé, donnant de la profondeur à ses personnages. Très texturées, parfois chargées, ses pages racontent l’indicible sans pathos. Avec une grande pudeur, l’autrice traduit les derniers moments de sa mère en montrant une truite hors de l’eau. En douceur, elle milite pour ce qu’elle préfère appeler, plutôt que l’euthanasie, la « mort assistée ».
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