Miss Charity #1
La petite Charity s’ennuie. Terriblement. Ses deux soeurs sont décédées enfant, son père est fantomatique, sa mère bigote rigide. Et cette Angleterre de la seconde moitié du XIXe siècle ne pousse pas à l’émancipation des jeunes gens, et encore moins des filles. Heureusement, elle jouit d’une certaine liberté et adopte quelques petits animaux : hérisson, rat, geais, escargots… Et se pique de science naturelles, puis, grâce à une gouvernante française, s’initie à l’aquarelle. Une vocation est née, pleine de couleurs et de lumière, dans une Europe bien trop grise.
Après Le Temps des mitaines, Chaussette et Chroniques de l’île perdue, le duo Anne Montel (dessins) et Loïc Clément (scénario) n’en finit plus d’envoûter. Il s’appuie ici sur un roman de Marie-Aide Murail, inspiré de la vie de la fameuse autrice britannique de livres pour enfants, Beatrix Potter. Au fil de planches denses en texte et en petites actions du quotidien, les auteurs décrivent l’éclosion progressive d’une personnalité complexe et avide de nouveautés, prompte à rugir contre la misogynie institutionnelle de son époque. La petite Charity se fait naturaliste en herbe, aquarelliste inspirée, en même temps qu’elle affronte son adolescence qui arrive. Toute cette évolution est contée avec intelligence et beaucoup de douceur, tant dans les mots que dans le graphisme, d’une belle délicatesse. Page après page, on se passionne pour ce destin singulier et on s’attache, forcément. Car cette Miss Charity recèle une énergie et un amour pour la nature très communicatifs, surtout dans cette mise en scène à la fois classique et inventive imaginée par deux des meilleurs auteurs de BD jeunesse du moment.
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