Moi non plus
Voilà, c’est fini. Elle vient de partir. La solitude épanchée sur Internet, l’éloignement, le manque, les larmes infinies, les amis aussi… Émilie vient de se faire larguer par sa petite amie. Rien de plus normal, tout le monde l’a vécu. Seulement voilà, la rupture se complique dès lors qu’en face la personne, une perverse narcissique, vous quitte en vous laissant de l’espoir. Comment se libérer d’une relation toxique et comment tourner la page ?
Dans Moi non plus, autobiographie en forme de confession intimiste, l’auteure Émilie Plateau tente de partager ces moments de détresse profonde consécutifs à la rupture amoureuse. Quand l’attachement affectif confine à l’aliénation mentale. Instants toujours délicats d’abandon et d’espoir mêlés, où les interrogations stériles se multiplient quand les réponses échappent à toute logique. Mais les amis, le temps, le recul dessinent alors les étapes d’une lente et pénible reconstruction. Même si le sujet est rebattu, Émilie Plateau évite l’écueil de la prise d’otage lacrymale pour lui préférer la pudeur des mots et l’économie de moyens. Un texte discret, effacé ou bref, s’habille d’un gaufrier en quatre cases sans contour, de paysages ou de scènes d’intérieur répétées, révélant la douceur nécessaire après une telle épreuve. Sans chichis et seulement éclairé par un noir et vert éthéré, le trait d’Émilie Plateau sait se mettre en retrait pour épouser la délicatesse du propos et lui donner toute sa profondeur. Du minimalisme étudié, la vraie originalité ici, jaillit alors un concentré d’émotion et de justesse. La seule limite de la BD étant finalement peut-être son sujet, déjà vu cent fois. Mais le risque du pathos était grand et le parti-pris réussi, de l’édition – un petit format à l’italienne – jusqu’au visuel et à la narration, confère tout son intérêt à Moi non plus.
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