Motherfucker **
Par Guillaume Martinez et Sylvain Ricard. Futuropolis, 15€, juin 2012.
Dans les années 1970 à Détroit, dans le Michigan, Vermont Washington, afro-américain, étouffe dans une société raciste qui n’a pas tourné le dos à la ségrégation. Il crève à petit feu face aux humiliations, au rejet et à la honte de ne pouvoir faire vivre correctement sa femme et sa fille. L’espoir qui l’anime encore vient de ses activités de militant au sein du Black Panther Party. Qui lui donnent rigueur et fierté — un peu trop aux yeux de certains blancs ouvertement racistes…
Le dessin de Guillaume Martinez, réaliste et sombre, est en symbiose avec le scénario désespéré écrit par Sylvain Ricard. Tout est sclérosé et étouffant dans Motherfucker, les personnages se débattent (ou s’enfoncent) dans un univers urbain hostile et gluant, et on sent le point de rupture imminent. On apprécie le côté didactique de l’album, qui rend justice aux nombreuses actions menées par les Black Panthers (éducation, information, soins médicaux…). On peut regretter en revanche l’approche caricaturale et peu subtile des personnages, trop bêtes ou intransigeants pour échapper à leur destin. En n’accordant aucune lumière au récit ou aux protagonistes, les auteurs ôtent aussi l’envie de les suivre. Et rendent l’ensemble attendu.
Mélanie Monroy
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