Sale journée pour Tête de Mule, en plus d’avoir perdu le petit boulot qu’il venait tout juste de dégoter dans un salon de coiffure, il découvre en rentrant chez lui qu’il est à la rue. Son appartement a été récupéré par son propriétaire et, cerise sur la gâteau, toutes ses affaires l’attendent sagement dans un entrepôt de la ville. Il peut bien entendu les récupérer, mais en échange de 70 000 couronnes. Une fortune pour notre héros au chômage. Pour tenter d’oublier ses déboires, Tête de Mule file à la Taverne du port. Dans ce lieu plus ou moins bien fréquenté, il va croiser la route d’un milliardaire en quête d’un complice pour partir à la chasse au trésor. Pour Tête de Mule, c’est le début d’une grande aventure !

Dans ce périple maritime, qui emprunte de nombreuses références à l’Odyssée d’Ulysse, Øyvind Torseter (Tête de Mule) emporte ses lecteurs dans un univers teinté d’une douce folie, un savant mélange d’humour décalé et de péripéties burlesques, le tout porté par un flot d’images insolites. L’originalité du récit est accentuée par l’alternance des séquences. Tantôt des planches classiques, dessinées au trait et en noir et blanc, font avancer l’histoire, puis le rythme est rompu par de grandes illustrations en couleurs qui se déploient en pleines pages. Il se dégage une grande force artistique de ces images. Les mélanges de textures, les découpages et les collages composent des saynètes vivantes et dépaysantes. On accompagne avec beaucoup de plaisirs ces personnages qui flirtent avec le marginal et qui ne sont pas avares de bons mots échangés. Album après album, cet auteur norvégien trace les contours d’une oeuvre décidément atypique et fortement attachante.