Par Run. Ankama, 14,90 €, le 14 février 2013.

La saga Mutafukaz se poursuit et bien malin celui qui aurait pu prédire, lors de la sortie en 2006 du premier tome de cet ovni dopé à la testostérone et la pop culture, qu’elle prendrait autant d’ampleur. Tant au niveau graphique que narratif. Car, fort de son succès, l’auteur ultra-doué et perfectionniste Run prend toutes ses aises pour offrir au lecteur une série détonnante et de plus en plus spectaculaire. Ce quatrième volume, en toute logique, est celui de la destruction, de la guerre, du déclenchement d’une apocalypse pressentie depuis le début. Le road-movie mâtiné de catch mexicain et de kung-fu laisse la place, toujours dans le registre de l’hommage sincère et léché à la série B, à une succession de moments de bravoure et d’attaques grandioses dans un style hollywoodien du plus bel effet.

Coup d’État militaire, invasion extraterrestre, attentat contre le président… Tout y est, mais en moins idiot que dans la plupart des films américains. Car Run a su prendre le temps de bien installer son histoire, complexe, et ses personnages, nombreux et pleins de surprises. Et qu’il ne laisse rien au hasard dans le traitement visuel de ses planches, précises, clinquantes juste ce qu’il faut, explosives mais aussi pleines d’émotions. Preuve en est ce clin d’oeil au vieux film de SF yankee période Guerre froide, Des monstres attaquent la ville (Them!, sorti en 1954, la même année que Godzilla au Japon), avec un déferlement d’insectes géants et sans pitié, séquence traitée dans des tons jaunes et sépias, sur un beau papier mat.

Si l’intrigue de ce quatrième tome semble s’étirer parfois un peu artificiellement, on ne pourra pas le reprocher à Run, qui offre en retour des pages magnifiques qui en mettent plein les yeux et qui procurent un plaisir sans borne. Bravo.

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