Il ne fait pas bon traîner à Buckaroo, Oregon. Ce petit patelin sans charme particulier est le berceau du dernier serial killer à avoir terrorisé le pays : Edward Charles Warren, surnommé le Rongeur d’ongles pour sa manie de dévorer les doigts de ses victimes. Miam… L’homme, pourtant pris sur le fait, a été mystérieusement déclaré non coupable à l’issue de son procès et vit aujourd’hui chez lui sous garde rapprochée pour sa propre protection. Mais le pire, c’est que Buckaroo n’en est pas à son premier taré : en tout, ce sont 16 tueurs en série qui sont originaires de la ville. Quel est le terrible secret de cette étrange bourgade où se rend l’agent Finch, en quête d’un collègue porté disparu ?

Pour le savoir, il faudra prendre son mal en patience. Écrite à la manière d’une série TV par Joshua Williamson (Birthright), très feuilletonnante, Nailbiter ne délivre ses réponses qu’au compte-goutte, au rythme de cliffhangers redoutables et en dit juste ce qu’il faut – ni trop, ni pas assez – à la fin de sa première saison, pardon, de son premier tome, pour que l’on soit ferré.

Savamment orchestrée pour faire monter la tension (une séquence alternant cases éclairées et cases dans le noir au gré d’un plafonnier dilettante, classique mais absolument imparable), Nailbiter récite avec brio sa partition horrifique empruntée aux chefs d’œuvre du genre et en particulier au Silence des agneaux. Modelé sur Hannibal Lecter (même s’il dit détester le chianti !), Warren est autant le grand épouvantail de la série qu’un adjuvant inattendu consulté à contrecœur par Finch pour tenter d’y voir plus clair. Cette gueule d’ange aux dents pointus est un fascinant personnage, un Joker cannibale totalement imprévisible avec lequel Joshua Williamson et Mike Henderson se régalent de jouer.

Mais les autres serial killers qui nous sont dévoilés progressivement ne sont pas en reste. Leur héritage est partout à Buckaroo. Tout le monde ou presque ici a un lien de parenté avec au moins un psychopathe, et si certains, faute de mieux tentent d’en tirer profit en vendant du merchandising morbide, d’autres ont un peu tendance à ruminer leur arbre généalogique. Chaque sortie dans les rues de la ville équivaut à embarquer pour un tour de train fantôme. Faites la queue pour prendre un ticket : frissons garantis.


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