En 1887, Elizabeth Cochran, connue sous le pseudonyme de Nellie Bly, travaille pour le New York World. Elle est chargée d’enquêter sur les conditions de vie des femmes internées dans l’asile psychiatrique de Blackwell. En se faisant passer pour démente, elle arrive à infiltrer l’institution et, pendant dix jours, partage le quotidien bouleversant de femmes rejetées de la société patriarcale du XIXe siècle. À la fin de son séjour, « 10 jours dans un asile » est publié et devient le premier coup d’éclat de la jeune journaliste d’investigation. Son article dépeint la violence et les abus qui hantent les lieux. L’enquête de Nellie Bly permet de se questionner : et si ces femmes n’étaient pas réellement folles ?

Au fil des 160 planches de l’album, Virginie Ollagnier-Jouvray et Carole Maurel détaillent les différentes étapes du récit en usant d’un code couleur intelligent : des tons orangés et chauds pour signifier le passé et une gamme de couleurs froides, pastel et fanées pour représenter le présent. Quant à la folie, thème central de l’enquête de Nellie Bly, elle est personnifiée par des monstres, tout droit sortis des abysses. De plus, le récit est rythmé en étant entrecoupé régulièrement de retours en arrière pour expliquer les origines de la jeune femme. La vie new-yorkaise est fidèlement représentée, autant dans le style vestimentaire que dans la restitution du langage de l’époque. Ainsi, dès les premières planches, le lecteur est plongé au cœur de l’entreprise de Nellie Bly.

Les autrices s’attachent surtout à dépendre les discriminations envers les femmes, et dont certaines seraient totalement impensables de nos jours. Par la détermination et par le courage de Nellie Bly, c’est l’émergence du mouvement féministe aux États-Unis qui est traité en toile de fond. Toutefois, la BD ne balaye que quelques passages de la vie du personnage éponyme, de son enfance à ses premières expériences professionnelles, jusqu’au verdict de l’affaire de Blackwell. Pour compléter ce passionnant album sur Nellie Bly, on pourra retourne dans Les Culottées de Pénélope Bagieu, qui développe dans la biographie de celle qui a consacré sa vie à « donner la parole à toutes celles qui ne l’ont pas ».