Nelson, le diablotin aux 2000 strips
Né il y a neuf ans dans les pages d’un journal suisse, le petit diablotin orange Nelson pourrit toujours la vie de la célibataire Julie et du labrador crétin Floyd. Mais pas celle de son auteur, Christophe Bertschy, Lausannois de 38 ans, toujours à l’aise avec son héros malicieux. À tel point que cet ancien graphiste en agence de pub ne se voit pas arrêter de sitôt, et attend avec impatience la réalisation du dessin animé adapté de ses strips. Ainsi que la conquête des téléphones portables par son petit diable…
Comment est né Nelson ?
Je cherchais à créer un petit personnage insupportable, et je trouvais qu’il y avait déjà trop de chiens et de chats dans cette catégorie. Le diablotin s’est imposé tout seul. Je n’ai pas réfléchi comme un fou à qui pourrait lire ma bande dessinée. Je l’ai créée pour un public plutôt adulte, puisqu’elle est destinée à paraître dans les pages du quotidien suisse Le Matin. Ensuite, je l’ai proposé à Dupuis, pour la collection «Humour Libre». Mais ils m’ont répondu que Nelson était une BD tous publics et qu’elle avait donc sa place dans Spirou ! C’est vrai que les enfants peuvent s’identifier à Nelson, qui réalise toutes les bêtises qu’ils rêvent de faire…
Pourquoi avoir choisi le format strip ?
Ce choix est venu assez naturellement. J’avais déjà réalisé des strips pour Tchô !, intitulés Jimmy Brocoli. Jean-Claude Camano chez Glénat m’a incité à écrire des gags en une page, et ça a donné Smax. Je n’ai pas honte de cette série, mais j’avais quand même l’impression d’étirer des gags sur une page alors qu’ils avaient la substance d’un strip…
Et aujourd’hui, vous n’avez pas envie d’une histoire plus longue ?
L’envie, oui. Mais le talent, je ne sais pas.
Quelles sont les bandes dessinées qui vous ont inspiré pour Nelson ?
J’aime particulièrement les strips anglo-saxons, comme Calvin & Hobbes, Dilbert ou Earl & Mooch. Ce sont eux qui m’ont le plus inspiré. J’ai un gros manque d’éducation en matière de bande dessinée franco-belge, car j’avais arrêté d’en lire à l’adolescence. Mais j’essaye de rattraper mon retard aujourd’hui !
Quelle est votre méthode de travail ?
Je dois produire six strips par semaine et j’aime travailler avec une certaine pression. Donc, je ne prends jamais beaucoup d’avance, pas plus d’une semaine de strips. En général, je vais assez vite: il me faut deux ou trois jours pour boucler six gags.
Vous travaillez sur ordinateur…
Oui, avec un petit logiciel de dessin vectoriel tout simple, destiné aux secrétaires qui réalisent la carte de vœux de leur patron ! Au début, je me suis heurté à pas mal de puristes, qui me cassaient les pieds avec la puissance du trait de Franquin ou la beauté de l’aquarelle. Mais, je pense que depuis mes premiers gags, mon trait s’est adouci, et que les gens se sont habitués à ce type de graphisme, commun dans un environnement plus digital qu’il y a dix ans (Internet, téléphonie…).
Après neuf ans et près de 2000 strips, n’êtes-vous pas lassé de Nelson ?
Non, je m’amuse encore beaucoup ! Tant que je ne me fatigue pas et que je ne fatigue pas les lecteurs, je n’ai pas de raison d’arrêter.
Mais comment se renouveler ?
Comme je produis quotidiennement, je fais feu de tout bois, tout en essayant de conserver un univers à la fois cohérent et accessible aux nouveaux lecteurs. Et comme je souhaite que mes gags perdurent, je ne veux pas les situer trop précisément dans le temps ou l’espace. Après, je sais que le résultat en album et dans les pages d’un journal n’est pas le même. Dans un quotidien, un strip est un rendez-vous réjouissant, entre l’horoscope et la météo. En album, certains strips paraissent plus faibles que d’autres, mais si j’arrive à dérider les lecteurs une fois par page, pour moi c’est gagné !
Nelson va bientôt être adapté en dessin animé…
Je l’espère ! Le pilote est réalisé mais nous sommes toujours en recherche d’un partenaire télévisuel en France. Il devrait s’agir de modules de 7 minutes destinés au jeune public, auxquels on pourrait associer une flopée de mini dessins animés de quelques secondes, plus proches de la BD. J’ai participé à l’élaboration de la série animée, et notamment des nouveaux personnages. Mais je laisse le travail de scénario et de mise en scène aux professionnels.
Êtes-vous attiré par la bande dessinée sur support numérique ?
Bien sûr ! J’ai toujours conçu Nelson comme pouvant être diffusé à la fois dans des journaux et sur des téléphones portables. Mes strips peuvent devenir des petits modules faciles à envoyer et à lire sur de petits écrans. Je suis heureux que les choses bougent enfin dans ce domaine.
Quels sont vos autres projets ?
Outre le dessin animé, deux recueils de Nelson vont sortir dans un nouveau format en avril : c’est une brillante idée du service marketing de Dupuis de rééditer mes albums en bichromie et format à l’italienne, pour voir si mes gags peuvent conquérir un autre lectorat. Un peu à la manière de l’intégrale Marzi. Par ailleurs, comme je dessine Nelson assez vite, ça me laisse du temps pour réfléchir à autre chose. J’ai quelques idées, mais c’est encore trop flou dans mon esprit pour en parler…
Propos recueillis par Benjamin Roure
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Nelson #8
Par Christophe Bertschy.
Dupuis, 9,45 €, le 9 janvier 2009.
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interview très interressante ! je souhaitais néanmoins en savoir plus à propos du logiciel de dessin vectoriel utilisé ? est-ce illustrator, inkscape ou un autre ? merci
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interview très interressante ! je souhaitais néanmoins en savoir plus à propos du logiciel de dessin vectoriel utilisé ? est-ce illustrator, inkscape ou un autre ? merci
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Je travaille avec une ancienne version de CorelDraw (la version 9)
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Je travaille avec une ancienne version de CorelDraw (la version 9)
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