Nimuë
Dans un monde qui dépérit, où des fillettes ont été enlevées, le corps d’une enfant inconsciente est découvert par un fermier à la surface d’un lac. Endeuillé par la disparition de sa fille, il convainc sa femme de recueillir la petite sortie de l’eau, qu’ils nomment Anna. Elle grandit avec un frère et des parents pauvres mais aimants, mais son étrange apparence et ses longs cheveux blancs attirent la méfiance des autres villageois. Surtout, Anna reçoit régulièrement la visite d’un curieux corbeau, qui ne cesse de la ramener au lac où on l’a trouvée… Et où guettent des personnages aux motifs troubles.
L’illustratrice et tatoueuse espagnole Aldara Prado, dont c’est le premier album, convoque les codes du conte, du récit fantastique et du polar, pour revisiter les origines d’un personnage central des légendes arthuriennes, la Dame du Lac – Nimuë est l’un de ses noms. Nulle mention de Lancelot ou d’un Graal, ici la quête est celle d’une identité, celle de la jeune héroïne qui tente de percer le mystère de ses origines… et de réaliser son destin. Rien de nouveau sous le soleil, donc, dans un récit d’apprentissage dont le classicisme est à peine subverti par la réécriture des personnages de Morgane et Merlin, ou de l’histoire de l’épée Excalibur.
L’autrice essaye pourtant d’insuffler du mystère à son récit. Le dessin et le découpage sont maîtrisés, les jeux de lumières réussis, et la palette sombre nous plonge rapidement dans un univers inquiétant, sibyllin. Mais la narration est plus aléatoire, le récit oscillant entre ellipses trop rapides et séquences étirées. La voix off, emphatique, qui tisse le récit, ne fonctionne pas toujours, son ton contrastant parfois avec le dessin. Résultat : on est rarement surpris, parfois confus, et il est difficile de s’attacher réellement à Anna, dont l’itinéraire ne fait pas toujours sens. Nimuë est toutefois une BD intrigante, qui ose quelques belles scènes, mais aurait mérité un récit mieux structuré.
Traduit de l’espagnol par Hélène Dauniol-Remaud.
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