No War #1
Crise climatique, crise sociale, crise politique… Le Vukland est prêt à s’embraser. Alors que les manifestations et leur répression se font de plus en plus violentes dans les rues, suite à des élections contestées, un ingénieur est retrouvé assassiné sur le site d’un futur barrage. Un site aux eaux curatives, mais vu comme un lieu sacré par les autochtones, qui refusent la construction de l’ouvrage.
Complot, secrets, bagarres, politiciens véreux et voyous d’extrême droite, résistants « zadistes » et famille déchirée. Voilà les ingrédients de la saga, âpre et ambitieuse, lancée par Anthony Pastor. L’auteur de La Vallée du diable et de Bonbons atomiques change de style et de registre, en produisant une fiction contemporaine, nerveuse, glaciale par moments, souvent haletante. Un premier cycle de 3 tomes est prévu en un an, deux autres cycles pourraient suivre : Anthony Pastor, pour parler au plus grand monde, adopte les formats narratifs d’aujourd’hui, promus par les séries télé notamment. Multiplicité des points de vue et des trajectoires, histoires dans l’histoire, rebondissements distants qui finissent par se rejoindre. Tomes nombreux et parutions régulières. Dessin ultra efficace, dont chaque trait est chargé de sens et d’émotion. Un peu comme Lastman, sauf que là, Pastor est tout seul aux commandes. L’auteur, qui ne cesse d’explorer les formes du récit graphique depuis ses premières BD chez Actes Sud / L’An 2, semble ici parier sur une synthèse entre densité narrative et canevas longue durée, autour de personnages forts et pour l’instant tout juste effleurés, comme sa Scandinavie fictive, fascinante. Dès lors, ce premier No War pose les bases pour la suite et pourra paraître frustrant car il ne creuse pas encore très profond : mais si on se met dans l’idée d’avoir sous les yeux le seul premier chapitre d’une oeuvre importante, dans l’ampleur et dans ce qu’elle dit de notre monde, alors cet album marquera à coup sûr l’année 2019. Et au-delà.
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