Ogoniok ***
Par Sergio Toppi. Mosquito, 13 €, le 10 mai 2013.
Sergio Toppi, grand auteur italien, est décédé l’an dernier mais a laissé derrière lui un grand nombre de récits à découvrir. Mosquito, éditeur luttant pour la reconnaissance de Toppi depuis des années, continue donc de dévoiler petit à petit ses différentes facettes. Ogoniok s’intéresse justement à un aspect plutôt méconnu de son œuvre : le genre fantastique. L’album recueille trois récits – Ogoniok (1992), Kas-Cej (1994) et Transibérien (2011) – tous liés par cette thématique, mais aussi par un ancrage géographique dans une Russie rurale et enneigée.
Nous sommes ici dans du pur fantastique, à savoir l’incursion d’une pointe d’irréel dans un monde parfaitement normal, quoique d’une autre époque. Pas de grands effets donc, mais des récits marqués par les légendes slaves, la superstition et un conflit de classes toujours présent. Ville et campagne s’y affrontent autant que richesse et pauvreté ou que science ou croyance. De cette confrontation, de ce choc, Toppi crée la faille qui vient bouleverser les certitudes et fait basculer ses personnages dans le doute, la folie, voire la mort.
Pour porter efficacement ce type de récit, il faut une certaine grandiloquence graphique, l’écueil étant de sombrer aussitôt dans un kitsch grotesque. Toppi, maître du noir et blanc, relève admirablement le défi avec un dessin puissant, empli de mystique et se laissant aller à des constructions audacieuses quand le besoin s’en fait sentir. Édité avec l’élégance et le soin que l’on connaît à Mosquito, Ogoniok est le premier livre posthume de Toppi, et prouve que l’âme d’un dessinateur ne meurt jamais vraiment.
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