Otto est une étonnante série de strips muets formant une histoire complète. L’exercice est périlleux, avec cinq strips par page il faut tenir la distance et ne pas lasser le lecteur, qui est souvent plus apte à décrocher sans le support du texte. Il y a donc nécessité de péripétie et de renouvellement sans perdre pour autant le fil.

Sur ce point, l’album est une réussite. Otto débute le récit sur une île, puis erre de Charybde en Scylla, croisant Noé, des singes, des extraterrestres… Attachant dans son graphisme, rond et clair, Otto est un personnage perdu dans un monde grand, si grand… On a presque pitié de lui mais, heureusement, il s’en sort toujours, d’autres faisant les frais (pauvre singe !) de ses maladresses.

Le rythme est effréné mais tient tout à fait la distance notamment grâce aux nombreux running gags que le Néerlandais Frodo de Decker – dont c’est le premier album traduit en français – essaime régulièrement. Ces récurrences permettent une cohérence d’ensemble bienvenue. Malgré cela, après lecture, peu de souvenirs restent à l’esprit. Le travail est là, honnête et bien fait, mais ne marque pas durablement… Otto vient donc s’ajouter à cette longue liste de livres agréables sans être indispensables.