Pandemonium #1-2
En 1990, le romancier et cinéaste Clive Barker sortait un film de monstres assez particulier : Cabal. Peu se souviennent de cette série B sympathique qui a pourtant marqué la mémoire des geeks de l’époque. On y décrivait une société secrète de monstres ayant trouvé refuge dans une contrée hostile et reculée des États-Unis, et pourchassée par des humains « très propres sur eux ». Ce fut l’un des premiers films du genre à montrer que la vraie monstruosité se cachait surtout dans le cœur et non dans l’aspect extérieur.
En 2014, le mangaka Shibamoto Shô réalise un remake indirect de ce film, mais adopte un point de vue bien plus tragique, teinté de romantisme noir. Un romantisme confinant à la folie, pour un manga qui s’apparente à un énorme roman graphique entièrement en couleurs sépia, et au style cartoon trompeur. Pas l’ombre d’un humain dans Pandemonium, seuls des êtres anthropomorphiques tels des chats, qui hantent un monde résigné à subir les « foudres rectilignes ». Une malédiction venue du ciel frappant au hasard et dévastant tout sur son passage. Afin de ressusciter son aimée, le pauvre Zipher décide de gagner un mystérieux village où vivent des monstres légendaires, capables de vaincre la mort. Ce qu’il va y découvrir va le mener aux portes du désespoir, mais aussi l’inciter à entamer un chemin de croix vers sa propre rédemption. Il sera ainsi aidé par quelques monstres au final tout aussi faibles que lui, au cœur tout autant rongé par les ténèbres… qu’habité par la bonté !
Impossible de résumer en quelques ligne la richesse de cette odyssée intérieure de près de 400 pages où s’enchaînent les larmes, la colère, la peur où la fascination de « l’autre », et les mésaventures d’un anti-héros que l’on à du mal à cerner. Est-il un bon gars un peu paumé, un fou dangereux, un pécheur capable d’être le héros qui sommeille en chacun de nous ? Le lecteur en saura le fin mot en lisant ce magnifique récit qui ne dépareillera pas à côté sa collection de Canardo de Sokal, et qui démontre que dans le plus noir des désespoirs, se trouve parfois l’infime étincelle d’humanité permettant de sauver ce qui peut encore l’être.
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