Paris Maléfices #1 **
Par Dim D et Jean-Pierre Pécau. Delcourt, 14,30 €, le 4 septembre 2013.
Paris, de nos jours. Alors que les travaux de rénovation de la Tour Saint-Jacques touchent à leur fin, un haut fonctionnaire œuvrant pour le compte du ministère de la Culture est retrouvé gisant sur le parterre, non loin du monumental édifice. La thèse du suicide est rapidement écartée; quelqu’un (ou quelque chose) a volontairement défenestré la victime depuis le 6e étage de son domicile, mais les mobiles demeurent pour le moins incertains. Seul – et mince – indice, rapporté par un témoin : un cri perçant, suivi d’un grand battement d’ailes.
Chargé de l’enquête, un commissaire à quelques années de la retraite, par ailleurs féru de sciences occultes, a rapidement l’intuition que la clef de ce mystère pourrait bien si situer du côté du paranormal. Il fait alors appel à un petit escroc du nom de Victor, brillant universitaire reconverti dans la vente d’ouvrages ésotériques (et faux), auquel s’adressent régulièrement des personnalités politiques parmi les plus haut placées. Un troisième et énigmatique personnage viendra bientôt compléter notre duo de choc : il s’agit de Charles, un érudit aux cheveux grisonnants, spécialiste des phénomènes qui agitent de temps à autres la capitale et que la raison seule ne saurait expliquer…
Difficile de ne pas songer aux Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec de Tardi, avant même de se plonger dans le tome inaugural de cette nouvelle série signée signée Dim D. (Aleph, Le Seigneur d’Ombre, Allan Quatermain et les mines du roi Salomon) et Jean-Pierre Pécau (Jour J, Là où vivent les morts, L’Homme de l’année – 1917). Mais si les événements décrits ont également pour cadre la Ville Lumière, et que l’on y retrouve un goût certain pour le registre du fantastique, Paris Maléfices et cette « Malédiction de la Tour Saint-Jacques » se démarquent foncièrement de leur illustre prédécesseur par un parti pris résolument contemporain : que l’on s’en réjouisse ou qu’on le regrette, l’enquête de nos protagonistes prend parfois la tournure de l’une de ces séries américaines à la mode…
Fort heureusement, quelques répliques humoristiques apportent à l’album une certaine touche de légèreté, et nous rendent les personnages attachants. L’ouvrage est par ailleurs suffisamment documenté pour que l’on s’y laisse prendre, tout en apprenant au passage maintes anecdotes sur l’histoire de la capitale. Le principal grief qui puisse être adressé à l’encontre de ce premier tome est un flagrant déséquilibre entre les trois premiers quarts du récit, durant lesquels on s’attarde longuement sur les différents protagonistes et les liens qui les unissent, et une résolution pour le moins expéditive de cette première enquête, sur une dizaine de pages seulement et au moyen, notamment, d’un lance-roquettes ! C’est dommage… Les deux auteurs ont-ils voulu trop bien faire, avant de se retrouver pris par le temps ? Ne reste qu’à patienter jusqu’à la parution du prochain tome, pour voir si le tir aura été d’ici là rectifié.
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