Deux cow-boys mexicains moustachus, des frérots vêtus à l’identique – jeans, chemise rouge, veston et chapeau noirs – traquent le vieux Grant, lui-même sur les traces de Big Hand, en territoire comanche. Objectif de tous ces chasseurs de primes : récupérer 5 000 dollars contre la livraison de ce dernier (vivant) à un shérif.

Si l’histoire commence comme un western classique, la forme intrigue dès les premières planches par son originalité. De grandes et belles cases de l’Ouest américain, réalisées en couleurs directes, avec des teintes contrastées et beaucoup de vignettes muettes, ce qui contribue à l’effet page turner.

Chevauchant Général, son fidèle destrier, Pastorius Grant a attrapé sa proie. Mais les deux Mexicains les rattrapent et tirent. Résultat : Grant s’enfuit à cheval et le bandit Big Hand à toutes jambes ; retour à la case départ. Pas de chance pour le vieux chasseur de primes, il se fait alpaguer par une morveuse et son cochon. La petite fille veut l’engager pour venger son père. Naturellement, Pastorius refuse, mais la gamine est têtue – et aveugle – et ne lâche pas l’affaire.

« Quand on est gosse, on veut que les méchants mordent la poussière et les bons dans la brioche, et même que des fois ça arrive. Mais puisque ton père n’est plus là, laisse-moi te dire que la réalité est tout autre et que la vie a des ratés comme une jouvencelle a ses humeurs », philosophe le vieux limier, qui est – littéralement – au bout de sa vie tant il crache ses poumons. Le feu éclaire de ses flammes jaune-orangé les montagnes aux reflets bleus, tandis que montent vers les cieux la fumée du feu de camp, celle de la clope du cow-boy et les prières de la petite aveugle pour que Pastorius Grant accepte sa mission. La vengeance ? « Qu’est-ce que ça changera à ta vie ? Qu’est-ce que t’espères à la fin ? », demande le traqueur à la fillette. « De la vie, plus rien. De la mort, beaucoup », répond-elle.

Un récit de rédemption concocté par l’auteur Marion Mousse, de son vrai nom Pierrick Pailharet, qui rend hommage aux classiques franco-belges dans ce savant mélange d’un western à la Lucky Luke et de Tintin – les deux frères Mexicains faisant penser à Dupont et Dupond. Une BD vite lue mais qu’on relira pour le plaisir des yeux et des dialogues aussi percutants que des colts.