Au menu de cette 40e revue de presse (la 40e, c’est pas rien quand même – j’espère qu’elle vous plaît…), la dernière de 2009 : Joann Sfar; des prix spirituels; des cinéastes américains; une armure qui vole; des records; un joli duo; et des BD de filles.

Joann Sfar et le cinéma

Alors que le buzz monte peu à peu autour de son film Gainsbourg, vie héroïque (je l’ai vu et il est pas mal du tout), Joann Sfar évoque le septième art dans la rubrique Séance tenante de Libération cette semaine. « Mon premier souvenir de cinéma, c’est la danse des Indiens dans le Peter Pan de Walt Disney. J’en ai eu très peur. Et je mélange ce moment avec l’ivresse du petit éléphant dans Dumbo. Mon rapport à l’image projetée s’est décidé dans Dumbo et Peter Pan. » Et on apprend que le film La Planète des singes l’a traumatisé étant enfant: « Je croyais que Cornélius et Zira existaient. La dame yougoslave qui me gardait menaçait toujours de les faire venir à la maison. Pour me protéger des singes, elle me recouvrait de médailles de la vierge et m’aspergeait d’eau bénite. Le jour où mon papa s’est aperçu de ça, il l’a virée !!! Dommage, c’est un peu grâce à elle que je raconte des histoires aujourd’hui ! »

BD, religion, prix, etc.

La saison des récompenses BD se poursuit et cette semaine a été marquée, d’abord par l’incontournable best of de BoDoï bien sûr, mais aussi par deux prix tout à fait spirituels. Le Prix 2010 de la BD oecuménique – qui existe depuis déjà 20 ans et couronne un album « portant des valeurs humaines » – a été attribué à L’Encre du passé, de Maël et Bauza chez Dupuis/Aire libre, un livre « empreint de sérénité et d’harmonie, nous donnant une grande leçon de vie. (…) Une bande dessinée pour petits et grands qui savent apprécier la valeur du temps qui passe », selon le communiqué de presse. Une mention spéciale a été décernée à l’album de Jérôme Ruiller Le Coeur-enclume (Sarbacane). Par ailleurs, le Prix de la BD chrétienne a récompensé deux albums japonais Manga – Le Messie et Manga – La Métamorphose, de Kumai Hidenori et Kozumi Shinozawa, publiés par BLF Europe (éditeur évangélique). Une série qui devrait couvrir l’ensemble de la Bible en cinq volumes, « un nouvel outil, spécialement adapté pour partager sa foi » selon l’éditeur. « L’audace du scénariste et de la dessinatrice est d’avoir su saisir l’histoire la plus extraordinaire jamais racontée, au sujet de l’homme le plus controversé qui ait vécu sur la terre, en transmettant le message chrétien par une autre culture », a souligné le jury du prix. À noter que La Genèse de Robert Crumb n’était pas nominée.

Comics au ciné : la folie des prequels

Quand on aime, on ne compte pas. Et quand ça rapporte de l’argent, là, on compte, et on cherche comment en rapporter plus. Alors pourquoi ne pas raconter l’histoire d’avant l’histoire ? On vous a ainsi déjà parlé plusieurs fois de X-Mens Origins : First Class, qui relatera les débuts de l’école du Professeur Xavier, avec ses premiers élèves mutants. Le projet est en bonne voie selon Empire, puisque Bryan Singer a signé pour réaliser le film. C’est lui qui avait transposé avec talent l’univers des X-Men au cinéma dans les deux très bons premiers opus, avant de se gauffrer sur Superman. On peut donc espérer le meilleur pour ce First Class, même s’il va falloir se montrer un peu patient: Bryan Singer doit d’abord tourner Jack the Giant Killer et préparer Battlestar Galactica… Autre prequel probable, celui du 300 de Frank Miller. Son nom serait Xerxes selon le Los Angeles Time (qui consacre un article aux mythes grecs dans les blockbusters ciné), et se déroulerait dix ans avant 300. C’est Frank Miller lui-même qui le tournerait. « Ce sera ma vision de la bataille de Marathon, explique-t-il. Je viens d’achever le synopsis, j’attaque le design graphique. » Encore une belle promesse de héros musculeux au corps bien huilé et portant de seyantes jupettes. On en transpire d’avance…

Iron Man 2 : le trailer

Avant de savourer ces prequels, on pourra déguster au printemps prochain une vraie suite, celle d’Iron Man. Le film de Jon Favreau a dévoilé cette semaine un trailer bien costaud, dans lequel on voit un Robert Downey Jr. en forme, un Mickey Rourke bien méchant et deux jolies potiches, Gwyneth Paltrow et Scarlett Johansson. Attention, ça envoie du très très lourd.

One Piece : la fin dans cinq ans ?

Anime News Network revient cette semaine sur les chiffres hallucinants des ventes du manga One Piece au Japon. Alors que 2,85 millions d’exemplaires du tome 56 ont été tirés (un record pour un manga), ses quatre volumes précédents squattent les quatre premières places des charts 2009. Au total, plus de 176 millions de copies du mangas ont été imprimés depuis treize ans, ce qui laisse songeur… Mais pas son auteur, Eiichiro Oda, qui a dans un coin de sa tête son idée pour la fin de sa titanesque série de pirates. Il pense pouvoir conclure son aventure dans cinq ans, même s’il n’est pas tout à fait sûr d’être vraiment arrivé à la moitié avec son tome 56… En France, c’est Glénat qui publie cette série phare; le 52e volume en VF sortira en janvier.

Matthieu Bonhomme travaille avec Lewis Trondheim

Interviewé par le site du9, Matthieu Bonhomme, talentueux dessinateur de Messire Guillaume, du Marquis d’Anaon et créateur du Voyage d’Esteban, révèle qu’il a un projet avec Lewis Trondheim pour l’an prochain: « C’est un jeu avec la narration, le rythme. Trondheim écrit une histoire, un gros morceau, je dois aller vite, changer de format, c’est une écriture dynamique, des pages de six cases maximum. Pour moi, c’est fantastique : chaque page de son histoire est une surprise. Trondheim pratique, j’ai l’impression, une vision de la bande dessinée, populaire et pointue à la fois, dans la mesure où il cherche toujours de nouvelles situations, de nouvelles choses. Bon — je n’en dis pas plus. » D’après le site de Lewis Trondheim, ça s’appelle O-V, ça fera 160 pages et ça sortira en 2010 chez Dupuis.

La phrase de la semaine

Initiatrice du Prix Artemisia de la bande dessinée féminine (on y revient bientôt), Chantal Montellier constate un peu déçue qu’une bonne part de la BD créée par des femmes tourne autour du « moi je ». Interrogée par ActuaBD, elle note à propos de ces livres intimistes : « Le monde qui nous entoure, la société, les luttes de sexe et de classe, tout ça me semble passer un peu au second plan au profit, par exemple, des rapports mère-fille ou du cercle familial… C’est un peu comme si un esprit malin avait repoussé les femmes vers l’intime. Pourquoi pas, si l’intime reste un peu inquiet de ce qui se passe autour. »

Images © BLF / Glénat / du9 / Thierry Lemaire