Retour sur un manga de science-fiction incontournable : Planetes, de Makoto Yukimura.

Avant de créer Vinland Saga, Makoto Yukimura avait imaginé un manga d’un tout autre genre. Pas de viking, pas de violence, pas de combat… On est ici dans le futur, dans le dernier quart du XXIe siècle pour être précis. Et on est même assez loin de la Terre, puisque le bien nommé Planetes se déroule surtout dans l’espace. Mais attention, on n’est pas là dans de la science-fiction pure, ce décor stellaire n’étant qu’un prétexte habilement exploité pour parler de la nature humaine.

Dans cette histoire, Hachimaki, Yuri, Fee sont des éboueurs de l’espace. Et oui, en plus d’avoir pollué la planète Terre, les hommes ont encombré le cosmos de leurs déchets… Provenant de satellites, de navettes ou tout simplement de collisions de corps célestes avec du matériel en orbite, ces détritus doivent être enlevés rapidement. Car ils risquent de retomber sur la Terre ou d’endommager des structures spatiales. Nos trois ouvriers spécialisés travaillent alors quotidiennement près du danger, dans un espace à perte de vue et avec très peu de protection.

Ce qui frappe immédiatement à la lecture des premières pages, ce sont les personnages extrêmement humains et réalistes, auxquels on s’identifie et s’attache rapidement. Les nouveaux équipiers font connaissance sous nos yeux et apprennent à se connaître et s’apprécier. Ils seront confrontés régulièrement à la mort, mais aussi à l’amour, et vont rapidement se lier d’une amitié forte et durable.

Principalement centré sur les relations humaines, Planetes n’oublie cependant pas de satisfaire les amateurs de technologie. Qui dit espace, dit forcément matériel de pointe et technicité de haut niveau. Parsemant ses ouvrages de quelques références scientifiques, Makoto Yukimura montre qu’il est particulièrement bien informé. Il n’omet pas non plus de traiter habilement des pathologies (plus ou moins fictives) qui peuvent toucher les astronautes. De la peur suite à un accident à l’irradiation solaire, en passant par l’attachement excessif à la vie dans l’espace ou des maladies dues au développement atypique des lunariens…

L’autre fil conducteur de ce manga est la protection de l’environnement. Alors que la découverte du système solaire aurait pu se faire avec un contrôle optimal de l’énergie et de l’environnement, l’homme s’est lancé dans une conquête spatiale imprudente et insouciante. Tous les biais des sociétés humaines ne sont pas restés cantonnés sur Terre.

Pour une première série, Makoto Yukimura n’a pas du tout à rougir de ses débuts de dessinateur. L’auteur maîtrise parfaitement son trait et démontre une habilité époustouflante pour créer différentes ambiances et scènes. À l’aise dans les parties introspectives, contemplatives ou comiques, il ne se défile pas non plus devant la mise en couleur. La réédition de luxe sortie chez Panini Manga, courant 2011, rend hommage au travail de l’auteur en proposant de grandes planches et la quasi-totalité des planches couleurs. On aurait cependant préféré avoir une impression plus précise et un papier de meilleure qualité…

Abordant des thèmes universels – la mort, la solitude, l’amour, l’amitié, la famille, les croyances –, Planetes dénonce aussi les comportements absurdes de l’homme, en les mettant en perspective avec sa soif de découverte et de créativité. Graphiquement abouti, ce manga en trois tomes (dans la version luxe) propose un moment de lecture intense, à la fois divertissant, riche et réflexif. La bonne nouvelle est que Makoto Yukimura a promis de réaliser une seconde partie à cette série bouleversante. Ce ne sera pas pour tout de suite, l’auteur souhaitant se consacrer à Vinland Saga encore quelques années. Mais la perspective est résolument enthousiasmante.

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Planetes #1-3 (éd. luxe)
Par Markoto Yukimura.
Panini Manga,

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PLANETES © 2001 Makoto YUKIMURA / Kodansha Ltd.

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