Pulp
Fin des années 1930, à New York, Max vivote en écrivant des westerns, dans les fameux pulps magazines, ces fascicules de littérature de genre vendus en kiosque. Mais ses histoires, trop humaines et trop contemplatives, peinent de plus en plus à séduire, devancées par des récits plus musclés. Et moins crédibles. Car Max, lui, s’inspire de sa vie, de son passé de cow-boy. Avec ses duels et ses règlements de compte, mais aussi ses longues heures à s’occuper du bétail et soigner ses plaies. Quoi qu’il en soit, il semblerait que ces histoires soient de plus en plus reléguées au rang de fictions lointaines et que l’heure de la retraite – pauvre en dollars – approche pour Max. Sauf si un dernier coup s’offre à lui. Comme au bon vieux temps. Alors qu’il s’apprête à rempiler, un agent infiltré lui propose autre chose : dérober l’argent d’un groupuscule nazi local, récolté à destination du Reich d’Hitler…
Le temps d’un one-shot, Ed Brubaker et Sean Phillips délaissent le pur thriller noir, ou le polar classieux sur Hollywood ou la réflexion sur la face obscure de l’héroïsme. Dans Pulp, ils composent un magnifique double-hommage aux héros ordinaires de l’Ouest américain et à la littérature populaire qui les a transformés en icônes. Et, en scénariste aguerri et extrêmement malin, Ed Brubaker intègre cet hommage dans un polar efficace et bien dosé, un récit de braquage avec pour cibles de vilains nazis américains. En sus, il brosse une jolie relation de couple âgé entre Max et son amoureuse, toute en tendresse et respect. Comme quoi, cet auteur sait vraiment tout faire. Surtout quand il est accompagné de son binôme dessinateur attitré, et en super forme : Sean Phillips est très à l’aise pour peindre le New York pré-Seconde Guerre mondiale, comme pour évoquer l’Amérique sauvage. En plus de son découpage pertinent et de ses cadrages inventifs, ses effets de matière, ses jeux de lumière et les couleurs de son fils Jacob Phillips magnifient son trait épais et expressif.
Une bonne histoire, courte, efficace, sincère, soutenue par un graphisme somptueux. Que demander de plus ?
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