Regarde la forêt
Lire une œuvre de Shizuka Nakano, c’est à coup sûr s’aventurer dans une expédition hors du temps. Ce n’est pas son one-shot Regarde la forêt qui vous fera penser le contraire. Dans celui-ci, deux hommes qui ne se connaissent pas sont menés à travailler ensemble le temps de quelques jours. Leurs livraisons de fleurs terminées, ils se retrouvent coincés en forêt, sans téléphone et à deux doigts de la panne. Dans un sens, ça tombe bien, ils sont à présent en congé.
Pas besoin d’en savoir bien plus pour se lancer dans cette lecture délicatement poétique que la mangaka prend le temps de façonner sous nos yeux. À peine arrivés dans les bois, les deux compères rencontrent des créatures étonnantes qui les feront entrer dans l’éther de la forêt. Il fait bon s’y promener à leurs côtés, sans savoir où aller et en se laissant guider au gré des divagations scénaristiques de Shizuka Nakano. Car c’est avec le cœur et l’esprit libre qu’il faut marcher dans leurs pas. Se laisser porter par la magie de tout petits rien, d’instants fugaces et de planches toutes travaillées dans une abondance de trames unique en son genre.
Aussi enveloppant qu’un bon chocolat chaud sous une couverture un soir d’hiver, aussi apaisant qu’une sieste impromptue volée à une semaine harassante, les bandes dessinées de Shizuka Nakano offrent un moment coupé du temps fort agréable, si tant est que l’on soit enclin à laisser de côté la raison et de se laisser porter. Cette adorable et féérique plongée dans la nature fait partie de ces lectures qui ne s’expliquent pas, mais qui se vivent et s’apprécient pour leur voyage à nul autre pareil, comme on peut par exemple en faire l’expérience à la lecture des œuvres de l’espagnol Borja Gonzalez (The Black Holes, Bleu à la lumière du jour…).
© Shizuka Nakano, 2014 – Traduction : Miyako Slocombe
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