René Pétillon envoie Jack Palmer chez les Bretons
C’est à Lesneven, dans le Finistère, qu’il est né en 1945. Après Enquête au paradis fiscal, René Pétillon envoie son détective Jack Palmer sur un terrain qu’il connaît donc bien : la Bretagne. Son héros à gros nez, « martien fou » dont il assume n’avoir « jamais creusé la personnalité ni les motivations”, le dessinateur du Canard enchaîné le place ici chez des très riches. En plein crime à la Agatha Christie (un industriel est retrouvé mort au milieu d’algues toxiques), et massacre d’une oeuvre d’art convoitée par deux milliardaires. Taiseux délicat, joint en vacances… en Bretagne justement, Pétillon revient sur la source d’inspiration de Palmer en Bretagne.
Vous êtes-vous amusé en préparant cet album ?
Oui, j’utilise ici des personnages hauts en couleurs, marrants. J’aime particulièrement celui du mareyeur Le Gouzic. L’avoir sous le pinceau me ravissait à chaque fois !
Quels sont vos rapports avec la Bretagne ?
J’y suis né et y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt-trois ans. Même si aujourd’hui je me sens à la fois Breton et Parisien – je vis à Paris depuis 1968 –, je me sens en terrain familier. Je vais tous les étés dans ma maison du Finistère, j’y jardine au printemps et à l’automne, ça me détend ! J’aime les caractères marqués des gens du cru.
Quel a été le point de départ de cette histoire ?
Le naufrage d’un conteneur de chaussures de tennis fabriquées en Asie, qui s’était échoué sur les côtes anglaises. J’avais repéré cette information il y a plusieurs années. Son sujet m’a évoqué une installation d’art moderne, et de fil en aiguille, je suis parti sur une toile contemporaine que s’arrachent des collectionneurs, et sur la Bretagne, qui est la région que je connais le mieux… Mes idées se mettent en place de façon inconsciente, je suis incapable d’expliquer précisément comment ça vient. Je me mets devant une feuille blanche, et ça arrive ! Comme ce porte-clé Poulidor, une pièce de collection aperçue sur Internet, et dont je tenais à parler absolument sans savoir pourquoi…
Pourquoi traiter de l’art contemporain ?
Le sujet m’intéresse beaucoup. Je ne suis pourtant pas un amateur, je ne cours pas les galeries, même si je fréquente la Fiac de temps en temps. Cela m’amuse, j’ai l’impression de voir des gens qui s’amusent avec l’art, qui parodient d’autres oeuvres…
Ce thème vous permet un véritable jeu de massacre.
Oui, l’idée d’une rivalité entre collectionneurs riches s’est imposée. J’ai pris modèle sur deux milliardaires bien connus [Bernard Arnault et François Pinault], même si je ne voulais établir aucune ressemblance physique ou de caractère entre eux et mes héros. Je ne souhaitais pas que mon histoire soit à clés.
Jack Palmer est-il toujours pour vous un personnage prétexte ?
J’ai beaucoup d’affection pour lui. Il se spécialise dans l’exercice de l’incompétence. Il a été engagé comme garde du corps, ce qui est une erreur de casting manifeste ! Ici, pour une fois, il sait tout mais ne peut rien dire, puisqu’il est coincé en pleine mer. Le genre d’aventures qui arrive régulièrement en Bretagne : il ne se passe pas un été sans que les secours aillent chercher des gens bloqués par la marée.
Quels plaisirs et difficultés avez-vous rencontrés pendant l’élaboration de l’album ?
J’ai peiné en dessinant l’hélicoptère… Et j’ai beaucoup aimé mettre les planches en couleurs, à l’aquarelle. J’ai pris mon temps, et Dargaud a été compréhensif sur les délais. J’ai pris le soin de montrer la mer et le ciel à différentes heures, en assombrissant les couleurs, en restituant les tempêtes.
Quels sont vos projets ?
Je n’en ai pas… Il me faut le temps de récupérer, maintenant. J’ai envie d’histoires plus courtes, de burlesque, de mécanique absurde. On verra bien.
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Palmer en Bretagne
Par René Pétillon.
Dargaud, 13,99€, le 13 septembre 2013.
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Images © Dargaud.
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