Revoir Paris # 2
A la fin du tome 1, on avait laissé Kârinh fraîchement débarquée à Paris, et confrontée à une réalité très éloignée de l’image fantasmée de la capitale où l’avaient transportée ses délires « d’utopiomane ». On la retrouve au début de ce deuxième volume soumise à un interrogatoire par des autorités peu avenantes, lui laissant entendre qu’elle n’est pas la bienvenue. Cheminant toujours vers Paris, elle découvre une ville bien différente de celle décrite dans ses livres. Le Préservatoire est le premier lieu révélé à l’héroïne par un gardien centenaire. Le discours du vieil homme donne le ton : « Quand les menaces sont devenues trop graves, on a voulu mettre Paris à l’abri… Pas seulement les tableaux comme on le faisait autrefois, mais aussi des églises, des maisons, des monuments. » Ainsi, le Préservatoire veille sur le Café de Flore, Notre Dame de Paris, la station de métro Abbesses. Les monuments qui se trouvent en ville ne sont que des copies, enfermées sous le gigantesque dôme de verre censé protéger la cité des fréquentes attaques dont elle est la cible. Vidée de ses habitants, la ville accablée de chaleur est devenue un musée pour touristes fortunés dont les vœux les plus fous ont été exaucés : berges de Seine ensablées, ciel toujours bleu, rosée du matin et même des aurores boréales.
La lecture de ce deuxième tome fait immédiatement écho à la récente actualité : l’urgence écologique (d’autant plus après l’élection de Donald Trump), les attaques terroristes à Paris mais aussi à Bruxelles, le projet avorté du Grand Paris (auquel les auteurs ont participé)… Le duo Schuiten-Peeters ne se montre jamais moralisateur, glisse des hypothèses parfois inquiétantes certes, mais aussi très poétiques et inventives, qui permettent au lecteur de découvrir le Paris de 2155 par petites touches. En effet, Revoir Paris est aussi une ode à la créativité, à l’imagination en matière d’architecture, de design et d’aménagement urbain. Les couleurs sont en parfaite adéquation avec les différents tableaux : du gris bleuté pour un Paris apocalyptique à l’ambiance steampunk, une cité lumineuse dans des tons jaune/ocre/orangé, et même une forêt équatoriale rafraîchissante au nord de Paris dans différentes nuances de vert. Alors que ce deuxième volet clôt le diptyque, l’exposition « Machines à dessiner » au Musée des arts et métiers de Paris du 25 octobre 2016 au 26 février 2017, conçue en collaboration avec les auteurs, permettra de prolonger le rêve.
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