Ribbon Queen



Garth Ennis et Jacen Burrows, le duo derrière Crossed, s’associent à nouveau, cette fois pour une revenge story surnaturelle. Soit une jeune femme, Bella, harcelée par un policier véreux, qu’on retrouve défenestrée. L’inspectrice Sun enquête et se retrouve témoin d’un phénomène paranormal : le suspect est transformé sous ses yeux en spaghettis sanguinolents par l’opération du Saint Esprit. Ou plutôt par une Bella revenue d’entre les morts et instrument d’une certaine « Reine des Rubans », esprit frappeur qui se manifeste depuis la nuit des temps pour rendre les coups pris par les femmes.
Comme dans Preacher, autre création d’Ennis, chaque agent du Chaos déclenche la venue d’un agent de l’Ordre ou inversement. Un tueur doté de pouvoirs surnaturels sème les cadavres pour tenter d’empêcher la Reine de faire son office et la renvoyer dans l’obscurité. C’est bien sûr le patriarcat que dénonce le scénariste nord-irlandais qui ne s’arrête pas là. Dans son collimateur, les violences policières. Il a écrit cette histoire dans le sillage du meurtre de George Floyd et du mouvement Black Lives Matter. Ce dernier est régulièrement cité par une inspectrice Sun qui constate que la corruption morale dans son commissariat est plus profonde qu’elle voulait bien le croire.
Autant dans son récent A walk through hell, Ennis canalisait son ressentiment politique, autant là on a du mal à voir où il veut en venir à part se faire plaisir à écorcher vif des flics ripous. Ce n’est pas faute de multiplier les dialogues dans un album au final très bavard, qui se perd un peu en route et perd paradoxalement de vue sa Reine des Rubans. Comble de la part du duo derrière le démesurément tordu Crossed, on se sent même frustré de scènes choc.
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