Road to nowhere
Comme pris d’une soudaine envie d’échapper à son quotidien, un jeune homme décide de se rendre « à l’autre bout du monde ». Même si tous ceux qu’il croise le préviennent : y’a pas grand chose à y voir et c’est super loin. Pas grave, il fonce. Sauf que son taxi renverse une étrange créature en voie de disparition, que son bus a 24 heures de retard et qu’il finit par voyager avec une sympathique jeune femme, qui va lui révéler la réalité cachée de notre monde…
Oeuvre d’un jeune auteur taïwanais, qui crée ses propres fanzines, Road to nowhere se présente comme un long rêve en forme de voyage, ou inversement. Le héros est secoué dans tous les sens, dans son confort et ses convictions, dans l’espace et le temps aussi. À cette construction kafkaïenne – le but du voyage devient de plus en plus flou à mesure des expériences vécues – s’ajoute un environnement graphique plutôt malsain : tout suinte, dégouline, colle, à l’image de personnages en sueur et de ces créatures malléables, de boue ou de chair, du cadavre desquelles on peut extraire des yeux-appareils photo (charmante séquence de dissection!). Quelque part entre Blanquet et Vanoli, avec une influence manga palpable, Pao-Yen Ding brosse donc au crayon – sur papier gris mat – un songe moite et oppressant. Assez fascinant, mais un peu frustrant face à une conclusion trop rapide. Mais extrêmement prometteur. Encore une bonne pioche des éditions Misma!
Publiez un commentaire