Par Michaël Sanlaville et Éric Borg. Casterman/KSTR, 16 €, le 22 avril 2009.

On ne sait pas s’ils ont sniffé le sable blanc de leurs plages paradisiaques ou bu du lait de coco trop fermenté, mais Éric Borg et Michaël Sanlaville ont une énergie du tonnerre ! Forts de ce beau tonus, ils débitent un récit de vacances horrifiques qui tourne à cent à l’heure, nous obligeant à lire le souffle court, le cerveau en ébullition – mais le sourire aux lèvres.

Car les insouciants vacanciers ont à peine débarqué sur l’île idyllique du Rocher rouge que l’on tremble déjà pour eux. On sait que les palmiers se balançant tranquillement dans la brise cachent le Maboukou, un monstre qui décapite ses proies et leur bouffe la tête! Inquiets, on espionne ce petit groupe d’adolescents, qui sous des dehors d’amitié cache beaucoup de jalousies, de tromperies et de querelles, et l’on assiste impuissant à la transformation de leur paradis en enfer. On est d’autant plus surpris que le mal n’a pas toujours le visage que l’on attend.  À qui appartient ce squelette ? Le Maboukou existe-t-il vraiment ? Qui a poussé ce cri ?

Michaël Sanlaville avale les cases avec la maîtrise et le dynamisme du story-boarder qu’il est. Son graphisme ultra-expressif – que l’on avait découvert dans Hollywood Jan co-dessiné par Bastien Vivès – convient aussi bien aux ambiances des mers du Sud qu’aux scènes sanguinolentes. En 120 pages, Éric Borg parvient à dresser le portrait d’un groupe de jeunes complexe et varié, tout en jouant habilement avec notre angoisse – ce que peu parviennent à faire en BD. Pour résumer à ceux qui ne l’aurait pas compris : ce huis clos cauchemardesque sur une plage ensoleillée est tout simplement jouissif !

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