S.E.N.S.
Un homme et une direction, incarnée par une flèche. Une flèche dissimulée dans le coin d’un mur, ou une caillou en forme de flèche, ou un trou qui se creuse pointant un nouveau chemin. Voilà le dispositif du nouveau projet de Marc-Antoine Mathieu, qui met en scène dans cet album muet un personnage en quête de… sens.
Sens de la vie et de la mort, sentiments et sensations, existence ou non du libre-arbitre et importance décisive du hasard et/ou du destin, grand dessein et dessin sobre. Telles sont quelques-unes des thématiques récurrentes de l’oeuvre de Marc-Antoine Mathieu (Le Décalage, 3 secondes, Dieu en personne…) et que l’on retrouve dans le présent livre. Un livre créé en mode « écriture automatique », et composé en parallèle d’une exposition-installation à la galerie Huberty-Breyne de Bruxelles, qui fournit une autre façon d’aborder le « récit ». Ici, le personnage anonyme à l’imperméable et chapeau mou suit une route tracée pour lui, sans autre but que de la suivre et sans réfléchir à l’absurdité de sa situation, dans ce monde désertique (extension du Grand Rien dans le monde Julius Corentin Acquefacques) troué de portes, labyrinthes sans parois autres que purement mentales (oniriques?), jeu de plateau truqué aux mille pièges et surprises. Marc-Antoine Mathieu joue avec le médium bande dessinée, se lance des défis graphiques et narratifs, dans un exercice de style brillant, qui peut toutefois paraître à la longue un peu vain. Mais sans doute est-on un peu dur avec un auteur qui enchaîne les prouesses et les idées merveilleuses depuis des années, et qui produit ici un ouvrage peut-être un peu moins ambitieux et novateur, mais toujours impeccablement réalisé.
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