Par Charles Berberian. Cornélius, 18 €, le 19 février 2009.

C’est l’histoire d’un chat qui découvre qu’il est à moitié chien. C’est l’histoire d’un couple à la dérive, qui se paume dans les soubresauts de Paris. Mais c’est aussi l’histoire d’un vieillard à l’oreille musicale, qui rêve à son passé comme on écoute un vieux vinyl. C’est l’histoire de la vie, des hommes, des femmes et des animaux dans une grande ville d’aujourd’hui. C’est du Charles Berberian et c’est un très joli livre.

Les derniers albums du duo Dupuy-Berberian, Un peu avant la fortune et Bienvenue à Boboland, malgré leurs qualités, n’atteignaient pas les sommets narratifs des meilleurs Monsieur Jean ou du Journal d’un album. Cette digression solo de Charles Berberian, échafaudée pas à pas pendant trois ans, est une bouffée d’air frais et d’intelligence, un album sensible comme on en lit rarement. Drôle, émouvant et remarquablement construit, ce format petit et épais recèle des dessins au stylo qui impressionnent par leur justesse et leur poésie. On sent que l’auteur s’est laissé porter par le flot des événements, mais sans jamais lâcher son histoire. Un peu comme lorsqu’on prend le métro: on monte, on s’assoit, on regarde les quais et les gens défiler, on se laisse aller sans penser à rien de précis, mais en gardant en tête la station où l’on doit descendre. Alors grimpez avec Sacha, vous ne serez pas déçu du voyage.

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